Relocalisation des avoirs : l’Afrique n’attire pas la migration des millionnaires
Où est encore passée l’Afrique ? Presque nulle part. C’est le triste constat fait par cfinances.info après analyse des statistiques sur la migration mondiale des personnes fortunées ainsi que sur la distribution et le mouvement de la richesse privée.
Les mouvements et les habitudes de consommation de plus de 150 000 personnes les plus aisées à travers le monde (The high-net-worth-individual inflows – HNWI) ont été suivies en 2022 par Henley Global Citizens, comme le révèle son rapport publiée le lundi 13 juin 2022 à Londres.
Les données montrent qu’en 2022, les Émirats arabes unis seront en tête du monde en attirant des millionnaires dans leur économie. Ils sont suivis de l’Australie, Singapour, Israël, la Suisse, les États-Unis, le Portugal, la Grèce, le Canada et la Nouvelle-Zélande, pour former le top 10.
Neuf de ces 10 pays accueillent des programmes formels de migration d’investissement et encouragent activement les investissements étrangers directs en échange de droits de résidence ou de citoyenneté.
Le départ de ces hommes et femmes riches n’est pas sans conséquences pour leurs pays d’origine. Les 10 pays qui en prendront plus le coup sont la Russie, la Chine, l’Inde, Hong Kong, l’Ukraine, le Brésil, le Royaume-Uni, le Mexique, l’Arabie saoudite et l’Indonésie.
USA et UK en perte de leurs lettres de noblesse
Outre le fait qu’un nombre important de capitaux privés a quitté la Russie et l’Ukraine, le rapport reconnait également que le Royaume-Uni a perdu sa couronne de centre de richesse et les États-Unis s’estompent rapidement en tant qu’aimant pour les riches du monde.
La raison principale de cet attrait par les EAU est l’adoption des règlementations particulières qui permettent d’attirer la richesse privée, les capitaux et les talents. Il convient de noter que les pays qui attirent les individus et les familles riches à migrer vers eux ont tendance à être robustes, avec de faibles taux de criminalité, des taux d’imposition compétitifs et des opportunités commerciales attrayantes.
Pour les USA qui deviennent moins populaires parmi les millionnaires migrants, le rapport note que c’est peut-être en partie à cause de la menace d’une hausse des impôts. Et la chute est vertigineuse, de 86 % par rapport au niveau de 2019, avec un afflux net de 1 500 prévu pour 2022 alors qu’il était de 10 800 millionnaires en 2019. En Chine, on note une sortie nette (départ) de 10 000 millionnaires attendues en 2022.
Au-delà des raisons avancées par le rapport de Henley Global Citizens, il convient de se poser la question de savoir si la tendance américaine et occidentale à sanctionner les fortunes privées lors des conflits entre Etats n’aurait pas eu un impact considérable sur la baisse de la migration des fortunes vers ces pays ?
Afrique tire la queue du diable au propre et au figuré
Où est passé le riche continent d’Afrique et pourvoyeur des matières premières dont la plupart des fortunes ont besoin pour être classées ? Un brin d’espoir ? Ce rapport révèle que les « cinq grands » marchés de la richesse privée de l’Afrique sont l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigéria, le Maroc et le Kenya. Ces pays représentent ensemble plus de 50% de la richesse totale du continent.
Outre le fait que les gouvernements et les investisseurs doivent se concentrer sur le renforcement de la résilience, il est impératif de se préparer au prochain choc. L’un des moyens éprouvés d’y parvenir est la migration d’investissement, grâce à laquelle les investisseurs peuvent acquérir une résidence alternative ou une deuxième nationalité dans une juridiction différente en échange d’un investissement dans un pays d’accueil. A son tour, le pays d’accueil reçoit un financement supplémentaire pour le trésor national, une augmentation des investissements directs étrangers et une source considérable de revenus durables sans avoir à augmenter la dette et à peser sur les générations futures.
En RD-Congo, tout est mis en place pour chasser une telle migration. De la politique, en passant par le système économique, la justice, la sécurité… rien ne peut attirer ces fortunes à y demeurer. D’ailleurs y penser, à l’état actuel des choses , demeure une projection utopique car le RD-Congo, non seulement demeure, mais consolide, voire renforce sa place sur la liste des mal-classés en termes de « doing business ».