Reddition des comptes 2020 : que cache la hausse des dépenses courantes sur les dépenses en capital ?

La hausse des dépenses courantes sur les dépenses en capital en RD-Congo est révélatrice : se servir plutôt que servir.

Dans son contrôle sur l’exécution de la Loi des finances rectificative exercice 2020, la Cour des comptes a relevé une supériorité des dépenses courantes sur les dépenses en capital et cela, à une importante échelle, ce qui n’est pas de nature à privilégier le relèvement et le développement de la RD Congo. « La Cour des comptes relève une prépondérances des dépenses courantes sur les dépenses en capital à hauteur de 69% à 31% », écrit-elle dans son rapport général sur la reddition des comptes de La loi des finances rectificative exercice 2020, qu’un bon vent a permis à la rédaction de Cfinances.Info de consulter.

En ce qui concerne les dépenses courantes, les juges de la Cour des comptes ont d’abord noté que celles-ci ont été exécutées à la hauteur de presque 3.9 milliards USD pour des prévisions de 3.6 milliards USD, soit un taux d’exécution de 106,50% .  Cependant, les dépenses en capital ont, elles, été réalisées à hauteur de 1.3 milliard USD pour des prévisions de l’ordre de 1.2 milliard USD, soit un taux d’exécution de 111,86%.

S’agissant de l’exécution des dépenses courantes, leur analyse a permis de constater un certain nombre de faute de gestion dont le dépassement des crédits non régularisés en cours d’exercice. Pour les juges de la cour des comptes, ce dépassement, en plus d’être un méfait de gestion, constitue une violation de l’article 38 de la Loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux Finances publiques (Lofip) qui dispose : « Sous réserve des dispositions des articles 39 et 40 de la présente Loi, les crédits budgétaires sont limitatifs. Les dépenses sur crédits limitatifs ne peuvent être engagées ni ordonnancées au – delà des dotations budgétaires ». A les en croire, le ministère des mines est celui qui a largement dépassé ses crédits de fonctionnement, à la hauteur de 20 millions USD, soit une exécution de 961,08%. Suivi des ministères des Affaires étrangères avec 21 millions ces frais (soit 411,57%), Justice avec 7.7 millions USD (soit 180, 64%),, Infrastructures et Travaux Publics avec un dépassement de 80,33 % et les Finances 7.7 millions USD (soit 69,80%).  

Quant à la primature, le dépassement de ses frais de fonctionnement est évalué à 13 millions USD (soit 91,07%) ; le secrétariat du gouvernement s’en sort aussi avec un dépassement de 7.8 millions USD (soit 72, 38%) et la présidence de la république boucle la boucle avec 13,55%  de dépassement, représentant la somme de 7.8 millions USD. Une façon de dire que le peuple d’abord n’a été qu’un slogan.

S’agissant de l’exécution de dépenses en capital, la cour des comptes a notamment noté qu’en ce qui concerne les dépenses en ressources propres, elles ont été exécutées à la hauteur de 100 millions USD, 43 CDF sur une prévision de 83 millions USD, soit un taux de réalisation de 125,52%.  Cependant, les juges de la cour ont constaté sur papier, sans avoir la possibilité de vérifier sur le terrain, que 41 projets seulement ont été exécutés sur des prévisions portant sur 708 projets. Même constat du côté des dépenses en capital sur transferts aux provinces et ETD (entités territoriales décentralisées), où seuls 13 projets ont été exécutés sur des prévisions se rapportant à 858 projets. 

La cour des comptes recommande donc au Gouvernement de la République de privilégier aussi les dépenses en capital, pour le développement du pays.

Papy Mumputu

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