RDC : l’or de Sakima offert aux frères ennemis, au grand dam de millions de victimes. (Rapport)
On s’attendait le moins, le rapport du Groupe d’Étude sur le Congo fait une autre révélation. La tension à l’est, avec la résurgence du M23 est sans doute une réplique 3.0 de la guerre de Kisangani de 1998, mais ici, les deux protagonistes, le Rwanda et l’Ouganda s’en prennent à la RD-Congo.
Une dispute entre deux sociétés. D’un côté, la rwandaise Dither, que cfinances.info a cité dans plusieurs articles et, de l’autre côté, l’ougandaise Dott Services. Et au centre, Sakima, que le gouvernement rd-congolais a confié, à la même période au Rwanda et à l’Ouganda.
Dott Services, la propriété familiale des Museveni
Chez les Museveni, l’armée et les affaires en RD-Congo vont toujours de pair. On se souvient encore du demi-frère du président ougandais, le général Salim Saleh, surnommé Caleb Akandwanabo, qui a dirigé les opérations de pillages de la RD-Congo fin 1999, qui a conduit à l’affrontement avec le Rwanda dans la ville de Kisangani.
Dott services, est la nouvelle réplique des années Salim Saleh. Le rapport lie sans ambiguïté l’opération militaire Shujaa menée par l’armée ougandaise en RD-Congo aux travaux routiers entrepris par Dott Services, la société qui met en œuvre les projets de construction et de modernisation de 1.182 Km de réseau routier principal la RD-Congo à l’Ouganda.
Dott Services est une société ougandaise liée à la famille du président Museveni. Même en Ouganda, il faut avoir du courage pour oser critiquer ou questionner Dott Services.
Malgré la mauvaise qualité de ses ouvrages en Ouganda, c’est à cette société que l’on confie le projet en RD-Congo. Et lorsque le parlement ougandais, qui a voté l’octroi de 66 millions USD pour la construction de cette route en RD-Congo, interroge le ministre des travaux publics et des transports au sujet de Dott Services, il se sert des autorités rd-congolaise comme bouc-émissaires : « Le projet en RDC, Ouganda contribue en tant que projet régional, nous ne sommes pas ceux qui contractent l’entrepreneur : c’est la RDC qui est responsable de contracter l’entrepreneur. Nous ne contribuons qu’à hauteur de 20% de l’argent, le reste de l’activité, la contractualisation est faite par la RDC. La RDC est un État souverain » , en RD-Congo, silence radio.
Le silence radio au sujet la société familiale présidentielle ougandaise, semble être imposé à tous, pas seulement aux autorités rd-congolaises. Même la presse en Ouganda doit l’observer. « Très peu de ces critiques ont émergé dans la presse ougandaise. Deux journalistes ougandais en ligne qui avaient écrit sur le contrat routier de Dott Services en RD Congo ont été arrêtés et détenus pendant trois semaines en mai-juin 2021, risquant jusqu’à deux ans de prison, sur des accusations de calomnie criminelle et de diffamation liées à Dott Services… Cependant, depuis lors, aucun article de la presse ougandaise n’a analysé de manière critique ce contrat routier », lit-on dans le rapport.
Sakima, est-elle le prix de la paix ?
Dott Services ne foule pas ses pieds sur le territoire rd-congolais avec ce lancement, le 3 décembre 2021, des travaux de la construction de la route. Elle y était déjà depuis exactement une année.
En effet, en décembre 2020, Dott Services signe un contrat minier avec la société minière publique rd-congolaise Sakima. Avec ce contrat, la RD-Congo cède à la compagnie ougandaise des sites miniers d’importance stratégique dans la province du Maniema, riches en étain, tantale et tungstène, ainsi qu’en or. On peut lire dans le rapport que « pour ce faire, elle (la Dott Services) a créé la coentreprise Punia Kasese Mining (PKM), dont elle détient 70 % des parts. Les 30 % restants appartiennent à la société minière publique congolaise Sakima. Le contrat prévoit également la création d’une usine de traitement de minerais et de métaux précieux permettant à la coentreprise de lancer des projets d’infrastructures dans la région, ainsi que la réhabilitation et le développement d’actifs hydroélectriques, acquérant d’importants sites miniers de la province du Maniema. »
Cependant, le rapport note que ce contrat a été gardé secret et « les informations le concernant ont été étroitement contrôlés par la présidence, ce qui a entretenu les soupçons. »
En 2021, la même présidence de la république de la RD-Congo, en lieu et place du ministère des mines, mène des négociations et signe un autre contrat au sujet des mêmes mines de Sakima avec la nébuleuse société rwandaise Dither. Comme il en était de Dott Services, Dither va se charger aussi de raffiner au Rwanda l’or produit par Sakima. Qui pis est, comme Dott Services qui se fait accompagner par l’armée ougandaise, la présidence rd-congolaise autorise à l’armée rwandaise de sécuriser les chargements d’or, ce qui, selon le rapport, donne « aux Forces de défense rwandaises une marge de manœuvre considérable pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement minière dans les provinces de l’Est de la RDC ».
Le Président Félix Tshisekedi n’a-t-il pas de conseillers ? C’est inadmissible ce genre d’accord.