RDC : le contribuable paie pour la danse et paie aussi pour contrôler les danseurs
Coup de gueule de la Rédaction
Et si William Ruto a seulement eu tort de dire tout haut ce qui se fait chaque jour en RD-Congo du premier au dernier citoyen ? Son problème à lui, Ruto, c’est de n’avoir pas compris que la danse en RD-Congo n’est pas que de la hanche, mais aussi du cerveau.
On se rappelle de la polémique soulevée deux mois durant autour du concert de réconciliation du groupe musical Wenge Musica 4X4 qui s’est finalement joué, le 30 juin 2022, au stade des Martyrs de Kinshasa, en marge des festivités de la commémoration de l’indépendance du pays. Tantôt on reprochait à ce groupe musical de faire danser les RD-Congolais à Kinshasa, alors qu’à l’est du pays les rebelles du M23 gagnaient du terrain. Tantôt on accusait le gouvernement de dépenser des milliers de dollars pour faire danser les RD-Congolais, alors que la guerre venait se mêler à la crise sociale et économique rendue insupportable.
Finalement, un producteur privé s’est présenté comme celui qui aurait investi. Pour calmer les esprits, on promet même de verser un certain pourcentage du pactole récolé dans le cadre de ce rendez-vous de la hanche, aux militaires qui donnent de leur sang au front pour que la rumba ne soit pas remplacée par la musique de la kalachnikov.
Finalement Ruto a eu une fois de plus raison. La danse était bel et bien sponsorisée par le gouvernement. L’Inspection Générale des Finances vient d’en faire la révélation. Le Gouvernement de la RD-Congo a donc débloqué un montant 1.165.677.759 CDF, soit 582 838 milles USD, au titre de contribution à la production musicale de réconciliation du groupe WENGE Musica 4×4. Oui, contribution à un investissement lucratif d’un privé, à l’occasion des festivités du 62ème anniversaire de l’Indépendance de la République Démocratique du Congo. C’est ici que la danse de la hanche monte jusqu’au cerveau…
Du Ndombolo cérébral
Mais là n’est pas tout. Dans le communiqué de l’IGF, on peut lire : « L’Inspecteur Général des Finances NZITA MUAKASA, Chef de mission et l’Inspecteur des Finances TSHALWE KIMPENDE sont chargés d’une mission officielle auprès du Ministère de la Culture et des Arts, du Ministère des Finances, de la Direction du Trésor et de l’Ordonnancement, de la Banque Centrale du Congo (B.C.C) ainsi qu’auprès du Comptable Public Principal Code 0568/Culture et Arts, dans la Ville Kinshasa (…) Contrôler l’utilisation du montant de 1.165.677.759 FC débloqué par le Trésor Public au titre de contribution du Gouvernement à la production musicale de réconciliation du groupe WENGE… », et à l’IGF d’ajouter : « Frais de mission à charge du Trésor Public. » C’est avec cette phrase qu’on peut comprendre clairement que la danse en RD-Congo a atteint la métastase, qu’il ne faille même plus la chercher dans la hanche, le cerveau est atteint.
En effet, la règlementation administrative RD-Congolaise relative aux missions officielles stipule que tout agent amené à effectuer des déplacements à l’intérieur du territoire national de la République est placé sous le régime dit de mission officielle, lorsque ces déplacements sortent du cadre normal de son activité et de l’exercice de ses fonctions. Et lors de ces déplacements qui tombent sous le régime de mission, les agents bénéficient de la gratuité du transport, d’une indemnité journalière de mission et, le cas échéant, d’une indemnité pour le frais de représentation.
Contactée par cfinances.info, l’IGF confirme que Nzita Muakasa et Tshalwe Kimpende habitent bel et bien Kinshasa. La mission qu’ils effectueront auprès de différentes institutions font partie du cadre normal de leurs activités et de l’exercice de leurs fonctions respectives. Et lorsqu’on demande combien coûtera le frais de mission de 30 jours, c’est là que la danse du cerveau accélère son rythme, même à l’IGF.
Comme pour dire le contribuable RD-Congolais a payé pour la danse au stade, et l’IGF lui file aussi la facture du contrôle des danseurs. De la hanche, la danse a atteint le cerveau.
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