RDC: le conflit teke – yaka exacerbé par le gouvernement, selon Ambongo !
Le cardinal Fridolin Ambongo hier vendredi 21 octobre face à la presse.
Il s’agit en effet d’un coin de voile qui a été levé, hier vendredi 21 octobre, par le cardinal Fridolin Ambongo sur le conflit qui déchire les tribus teke et yaka depuis un temps, faisant des centaines de morts et de déplacés. Depuis le déclenchement de cette tragédie, Kinshasa était remplie des rumeurs faisant étant des infiltrés rwandais en plein processus d’opérationnalisation d’une sédition contre le régime en place, dont les auteurs seraient entre autres l’ancien président Joseph Kabila Kabanga, mais à suivre l’archevêque de Kinshasa – qui vient d’y séjourner dans le cadre d’une mission pastorale de réconfort aux sinistrés de cette tragédie-, il n’en est donc rien !
A propos de la tristement célèbre main noire…
Lorsqu’il en parle à « Jeune Afrique », Félix Tshisekedi laisse plutôt, dans cette affaire, supposer l’existence d’une manœuvre sournoise mise en œuvre par ceux qui en veulent particulièrement en son pouvoir. Une interprétation de faits qui ne passe vraiment pas auprès du cardinal, qui affirme, avec des preuves, que la fameuse main noire n’est pas à chercher ailleurs, qu’à Kinshasa même !
Mais dans son récit, Ambongo met un bémol et reconnait qu’au départ, ce conflit a quand même une origine endogène. Pour le saisir, il sied de rappeler que le lieu – Kwamouth – où se déroule ce drame est traditionnellement teke. Les membres de cette tribu se considèrent en effet comme originaires et propriétaires des villages sur une distance de plus de 200 kilomètres. Les yakas, les sukus, les mbala, les songe, les lubas et consorts sont venus s’installer après.
Faisant valoir leur droit à la fois de premier occupant et de propriétaire terrien, les teke ont toujours perçu une redevance coutumière auprès de tous les fermiers et autres non – originaires vivants de ce qu’ils considèrent comme leurs terres. Ce droit était fixé en nature, à cinquante mesurettes de maïs et d’un sac de cossette de maniocs.
Puis, plus tard- les chefs coutumiers teke, pour des raisons qui leur sont propres, décidèrent de majorer cette redevance, passant de cinquante mesurettes de maïs à 150 mesurettes et d’un sac de cossette de manioc à cinq sacs. Les yakas refusèrent de payer, c’est alors que le conflit éclata. « Cette situation remonte déjà au mois de février (Ndlr:2022) » fait savoir le prélat, précisément aux villages Masiakwa, Masiambe et Masambio secteur Bateke sud territoire de Kwamouth province de Maï – Ndombe. Kinshasa intervint, mais la situation s’envenima !
Des preuves attestant l’entière responsabilité de Kinshasa dans ce drame !
Des preuves, le cardinal n’a pas manqué de les brandir ce vendredi devant la presse. Il s’agit essentiellement d’une lettre du ministère de l’intérieur et sécurité. Celui qui en dispose, est – t – il mentionné à l’intention de qui de droit, est exempté de payer la redevance coutumière aux teke.
Le porteur de la fameuse lettre destinée au chef du groupement et chef de terre de Dumu, c’est un certain Coordon Willy, « venu de Kinshasa pour installer un nouveau parti politique dénommé Union des Nationalistes Révolutionnaires dans le territoire de Kwamouth », mais l’intéresse n’est pas lui – même « un teke ». Le document était vendu aux fermiers à 25.000 CDF, soit 12,5 USD, et s’arrachait dans le territoire « comme du petit pain », signale le cardinal.
Quant aux teke, qui accusent les yaka de tenter d’installer illégalement leurs propres chefs coutumiers sur des terres qui ne leur appartiennent pas, cette lettre donc était de trop… C’est ainsi que dans l’une de ses recommandations, le cardinal Ambongo demande à ce que “soit tiré au clair le rôle joué par le faux Kiamfu Odon et le coordon Willy dans la genèse et l’exacerbation de ces conflits intercommunautaires”.