RDC : les entreprises publiques transformées en «cadeaux» pour des «amis» !

Le clientélisme aurait la peau dure en RD-Congo, à en croire la société civile de ce pays. Tant décriées
sous Kabila fils, le phénomène de nominations au sein des entreprises publiques sur base d’appartenances et d’accointances familiales et politiques se serait amplifié sous Félix Tshisekedi. Pire, du tribalisme dans son expression la plus abjecte, dit-on !

Le constat est du très crédible Observatoire de la Dépense Publique(ODEP) ainsi que de la Coalition pour la Gouvernance des Entreprises Publiques (COGEP). Très dévouées à la cause de l’amélioration de la gouvernance financière de la RD-Congo ainsi que des entreprises publiques, ces deux Ong, à travers un communiqué rendu public ce jeudi 06 octobre 2022, ont en effet fustigé Félix Tshisekedi, pour avoir fait des entreprises publiques « des cadeaux politiciens » qu’il offre à ses amis membres de sa coalition Union Sacrée.  

Pour porter cette accusation, ce cartel de la société civile dit avoir constaté, après analyse des ordonnances présidentielles portant nomination des mandataires publics lues à la Radio – télévision nationale congolaise (RTNC) le 03 septembre dernier, que tous les heureux promus proviennent des partis politiques membres de l’Union sacrée de la Nation.  

On se rappellera notamment de la nomination de  Christelle Muabilu à l’Office congolais de contrôle (Occ), alors qu’elle n’a aucune expérience professionnelle avérée, en dehors du fait d’être seulement la fille de Pius Muabilu, lui – même ministre au gouvernement central et président d’un parti politique aujourd’hui membre de la famille politique de Félix Tshisekedi, Christelle Muabilu n’est pas la seule, son cousin, avec qui elle a vécu sous le même toit a été nommé, quant à lui,
directeur général de l’Office des Routes.

« Ces nominations viennent renforcer la politisation des entreprises du portefeuille de l’Etat tant décriée. Cette politisation accentue la discrimination contre d’autres congolais et viole l’article 13 de la Constitution. La désignation des mandataires des entreprises publiques sur base des critères politiques est en réalité, un acte de privation du droit d’accès aux fonctions publiques reconnu à tous les 
citoyens congolais », a souligné Me Daudet Kitwa, Coordonnateur de la COGEP. De son côté, Florimond Muteba, président du conseil d’administration de l’Odep, a attiré l’attentio sur le risque que ces mandataires puissent finalement diriger ces établissements publics plutôt suivant  les diktats de leurs états – majors des partis et regroupements politiques.

« Nous attirons l’attention du Gouvernement congolais et des citoyens Congolais sur le fait 
que les mandataires publics proposés et nommés sur base des critères politiques rendent compte aux partis ou regroupements politiques plutôt qu’au peuple congolais, propriétaire légitime des Entreprises du portefeuille de l’Etat », a-t-il indiqué.

Face à la persistance de ces pratiques tant décriées, la COGEP et l’ODEP appellent les députés nationaux et les sénateurs à voter, en toute urgence, l’avant-projet de loi initié par les deux réseaux portant modification de la loi n° 08/010 du 07 juillet 2008 fixant les règles relatives à l’organisation et à la gestion du portefeuille de l’Etat, concernant notamment les conditions et critères d’accès au mandat public dans les entreprises du portefeuille de l’Etat.

« On ne peut pas faire des entreprises publiques des cadeaux politiciens qu’on donne à des amis politiques. L’avant projet de loi va être rendu public d’ici là. Ce que nous voulons est qu’on ne puisse pas jouer avec les entreprises publiques qui sont des outils de production, de promotion des richesses, de développement, de l’emploi et du progrès social. Le règne de l’excellence s’impose. Il faut sélectionner correctement, par exemple par concours. On ne joue pas avec les entreprises publiques. Quand ces entreprises sont rentables, une partie du profit réalisé peut alimenter le budget de l’État« , a déclaré le PCA de l’Odep, à la presse.