RDC : Gratuité de l’éducation de base, la facture impossible à payer !
Lancée avec pompe, la mesure comptait déjà comme l’un des points majeurs du premier quinquennat de Félix Tshisekedi. Maintenant, pas facile donc pour le gouvernement central, dirigé par Sama Lukonde, d’annoncer clairement au monde le rétropédalage du régime par rapport à cette question précise. D’où, ce flou artistique actuellement entretenu autour de l’abandon ou non de la gratuité totale de l’éducation de base.
Mais, parmi les experts du secteur de l’enseignement et des finances, personne n’est dupe. L’on sait déjà très que cette grande réforme, décrétée au mois de septembre 2019, appartient désormais au passé. En cause : le manque des ressources financières à même de supporter totalement la gratuité de l’enseignement de base, en dépit de la bonne foi du gouvernement !
« Les signes de l’essoufflement… »
Même du côté gouvernement, les signes d’un essoufflement certain deviennent aussi de plus en plus évidents pour le commun des congolais. Alors que l’attention de la famille éducationnelle était encore tournée vers Mbuela Lodge au Kongo Central, où se négocie la situation salariale des enseignants, une décision tout autant inattendue du patron de l’enseignement primaire, secondaire et technique est tombée comme un couperet. Dessillant pratiquement les yeux de plusieurs par rapport à cette question de la gratuité. « Est exclu du champ de la gratuité, la maternelle ainsi que toutes les classes du secondaire et humanité », tranche Tonny Mwaba, péremptoire !
Faisant suite à cette décision du ministre de l’Epst, le gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila a, de son côté le 09 novembre, pris un arrêté fixant le minerval à 300 milles Francs congolais (150 Usd). Dans une mise au point faite le vendredi 12 novembre, le même ministre de l’Enseignement primaire secondaire et technique fait savoir que l’arrêté du gouverneur Ngobila ne touche pas à l’école primaire. « La gratuité de l’enseignement primaire a été réaffirmée par ma note circulaire. Elle est non négociable », tente de marteler le ministre de tutelle. Dans sa réaction, le ministre parle de « frais de fonctionnement» pour la maternelle et l’école secondaire, « pas l’école primaire ».
On croirait que cette précision du ministre signifie qu’il y aurait déjà une solution à cette question, pas si sûr ! S’il faut considérer le taux du budget 2022 en cours d’examen à l’assemblée nationale. En effet, dans ce budget chiffré à 10 milliards de dollar américain, l’on constate malheureusement que la ligne de crédit affectée au financement du secteur de l’enseignement primaire ne représente qu’environ 4% de l’ensemble de cette loi de finances, soit une régression de 3% par rapport aux prévisions de la première année de la gratuité !
« En pourparlers en Mbwela – Lodge »
Même si les correctifs par rapport à cette question est à prévoir, au vu probablement du souci de l’actuelle majorité pour son image ternie à cause de sa trahison dans l’affaire RAM (cette taxe dite Registre des appareils mobiles) et autres, pas sûr que le pourcentage réservé à l’enseignement suffira pour calmer la colère particulièrement des enseignants, lesquels sont déterminés à défendre au prix de leurs vies leurs droits à un traitement décent. En pourparlers en Mbwela lodge au Kongo – central avec le gouvernement, l’intersyndical de l’enseignement ne jure que sur l’application stricte du protocole de Bibwa.
Ce protocole enjoint notamment au gouvernement de la république de procéder au payement du deuxième et troisième palier du salaire des enseignants, soit 250 Usd et le 400 pour le second, de faire disparaitre totalement les zones salariales en vue d’assurer une rémunération égale pour tous les enseignants du pays, de régulariser la situation salariale des enseignants non – payés ainsi que celle des nouvelles unités trouvées en fonction au moment du lancement de la gratuité.
Selon la banque mondiale, les réseaux religieux en Rdc gèrent, par un accord formel avec le gouvernement, environ 80% d’établissements d’écoles primaires, dont plus la moitié pour l’église catholique romaine. Selon des statistiques, le cette dernière dispose au niveau primaire concrètement de 161.337 enseignants sur un total de 12.616 écoles disséminées sur toute l’étendue du territoire national. Sans compter les 13.329 nouvelles unités et 237 enseignants non – payés. Ce qui donne un total général de 174.903 enseignants appelés de bénéficier d’une rémunération égalitaire, selon l’accord de Bibwa.
«… Impossible à payer »
S’il faut appliquer le deuxième palier à ce nombre, il faudra au gouvernement congolais qu’il alloue aux enseignants du réseau catholique la somme annuelle de plus de 500 millions de dollars américain (précisément 524.709.000) à titre de rémunération, représentant environ 5,3% de la loi actuelle des finances. Il faudra, par contre, à l’exécutif national l’ajout, annuellement bien sûr, de pratiquement le double de la prévision actuelle, soit 800 millions de dollars américain (exactement 839.563.200) pour la paie uniquement des enseignants catholiques du primaire en application du troisième palier dudit accord. Il ressort donc des calculs qu’il faudrait au moins 17% du montant du budget de 2022 au secteur de l’éducation primaire, pour satisfaire aux revendications salariales des enseignants de l’école primaire, uniquement. Or tel n’est pas le montant prévu. Donc…
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