RDC : enfin, le Fmi libère les 203 millions USD d’appui à la balance de paiement !

Le président de la RDC Félix Tshisekedi serrant la main de la Directrice générale du FMI

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo peut bien se frotter les mains. Le Conseil d’administration du FMI (Fonds monétaire international) a approuvé, ce mardi 20 décembre 2022, l’accord conclu, en novembre dernier, entre son équipe dirigée par Mercedes Vera Martin et l’exécutif Rdcongolais sur les politiques économiques en vue de l’achèvement  de la troisième revue dans le cadre de l’accord au titre de la Facilité élargie au crédit (Fec), débloquant ainsi la somme de 203 millions USD d’appui à la balance de paiement comme prévu, au profit du pays de Lumumba.

« Extirper tout obstacle menant au bouffé d’oxygène pour les finances publiques »

Le premier ministre Sama – Lukonde avait fait de cette question l’une de ses priorités, allant jusqu’à constituer une commission, composée notamment du ministre des finances et du budget, dont la mission était justement de tout faire afin  d’extirper tout obstacle menant à ce qu’il convient de considérer comme un bouffé d’oxygène pour les finances  publiques, par l’appui qu’apporte cette décision au niveau de la balance du paiement du pays, en cette période de grandes incertitudes de l’économie mondiale, du fait de la persistance de la guerre russo – ukrainienne et  du risque subséquent d’escalade entre l’Otan et la Russie, qui ferait disparaitre le monde.

Des obstacles, il n’en restait qu’un seul dont sa non – prise en compte allait faire capoter cette grande promesse, à savoir : la non publication de toutes les clauses du protocole d’accord entre le gouvernement de la Rdcongo et le groupe Venture Development, affiliée à l’homme d’affaire israélien, le sulfureux Dan Gertler. Pour les services du Fmi, cette option levée par l’exécutif congolais était en contradiction avec les objectifs de transparence préconisés par ledit  programme triennal conclu en juillet 2021, ce qui obligerait à son arrêt.

Face à cette pression, y compris celle de l’administration américaine qui avait déjà commencé à dégainer la redoutable arme des sanctions contre l’entourage de Félix Tshisekedi, le gouvernement céda.  Le jeudi 01 décembre 2022, il rendit public le fameux protocole d’accord. Même si ce qui a été fait n’est qu’un pas vers la publication à proprement parler, puisqu’à l’occasion le gouvernement avait fait valoir certains réglages, il semble évident que le conseil d’administration a pris note de cette volonté, libérant au passage ce qui était attendu dans le cadre de cette troisième revue au titre de la Fec.

Les raisons de la décision du conseil d’administration du FMI      

Dans son communiqué publié à l’issue de la réunion du Conseil d’administration, le Fmi note   que « l’environnement macroéconomique de la RDC fait preuve de résilience malgré les retombées de la guerre en Ukraine et la détérioration de l’environnement économique mondial ». Il souligne, par ailleurs, que  les progrès réalisés dans le cadre dudit programme sont satisfaisants, avant d’énumérer  les indicateurs suivants qui fondent sa décision :

  • le PIB réel qui fait preuve de résilience, avec une croissance prévue à 6,6 % en 2022, soutenue par une production minière plus élevée que prévu ;
  •  L’inflation qui devrait dépasser 12 % d’ici fin 2022, « en raison de la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et du carburant, exacerbée par la guerre en Ukraine et les goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement » ;
  •  Le compte courant qui  a atteint un excédent au premier semestre de l’année « grâce à de fortes exportations, et à fin octobre, les réserves internationales brutes ont atteint environ 2 mois d’importations, bien au-dessus de l’objectif au début de l’accord FEC » ;
  • Le solde budgétaire intérieur (base caisse) de 2022 qui est projeté à 1,1 % du PIB 

Cependant, le FMI relève que tous les critères de réalisation quantitatifs à fin juin 2022 ont été atteints, ainsi que tous les objectifs indicatifs (IT) à l’exception de deux : celui lié aux dépenses de santé en raison de retards dans la passation des marchés  et celui lié aux garanties de la banque centrale pour les prêts intérieurs de l’administration centrale, en raison de lacunes dans le contrôle et malgré le fait qu’aucune nouvelle garantie n’a été émise.

Les recommandations de cette institution monétaire à la RDC

« Les efforts pour couvrir les dépenses sociales dans le cadre de l’IT nécessiteront un suivi étroit pendant la mise en œuvre », recommande – t – il. Tout en se félicitant que  quatre des six repères structurels ont également été respectés, et un cinquième a été atteint avec un léger retard.    Il recommande, en outre, que des efforts soutenus soient menés pour améliorer la gouvernance, y compris dans le secteur minier,  renforcer les cadres de lutte contre la corruption et de LBC/FT et améliorer l’environnement des affaires. Pour finir, le Fmi conseille au gouvernement de s’engager dans les réformes spécifiques liées au climat afin de « catalyser le financement des investissements verts ».

Papy Mumputu

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