RDC-Elections 2023 : « Pona congo ya lokumu », que cache ce nouveau slogan de Matata Ponyo ?

Réaliste, peu ambitieux ou calculateur ? Ce sont des questions que cfinances.info se pose à la lecture du programme de Matata Ponyo. L’homme, en technocrate, a fait,  sans nul doute,  preuve de sa rigueur dans la gouvernance et de sa maitrise des chiffres. Il a fait connaître au pays, comme premier ministre, la meilleure performance de deux dernières décennies,  en terme de taux de croissance et la maitrise de l’inflation. Certes, certaines des réformes initiées par Matata ont marqué le virage à 90% dans la gestion de la chose publique en RDC. On se souvient encore de sa « bancarisation » commencée en juillet 2011, alors ministre des Finances, puis accélérée lorsqu’il prend la commande de la primature. Mais ici, c’est un autre défi.  

Ainsi, par rapport à d’autres candidats présidents de la République, cfinances.info, experte en chiffre, attendait de l’homme en cravate route le programme le plus chiffré des élections 2023. Aurait-il cependant choisi le réalisme ? On le saura bientôt lors de la rencontre publique « Matata Event » de ce jeudi 16 novembre 2023.

D’augustin à Jean Baptiste ?

Matata veut-il préparer le chemin à un Messie ? « Renouer avec notre destin de grandeur », le programme d’Augustin Matata, de la première page à la dernière, traduit une seule vision principale qui la traverse comme un filagramme : « préparer » les conditions pour sortir la RDC de la catégorie des pays les plus pauvres du monde d’ici à 5 ans. Une approche,  pour les uns,  réaliste et réformatrice dans la mesure où elle  prend en compte la réalité désastreuse de la RD-Congo, mais, pour les autres,  peu ambitieuse au regard du leadership avéré du candidat qui, lui-même, trouve son modèle en un Lula du Brésil.

Cette remarque n’est pas fausse. Matata Ponyo compte dans son bilan la transformation de la province de Maniema que plusieurs congolais voudraient voir ces réalisations répliquées sur toute l’étendue du territoire national et avec sa rigueur, on se serait attendu à des chiffres plus ambitieux.

Une moyenne de 18 milliards de budget annuel

En chiffre, le programme de Matata a de quoi régaler les analystes. « Pona Congo ya lokumu » prévoit la croissance exponentielle du PIB réel de la RDC de 6,3% en 2023 à 12,5% en 2028. Ce qui, en terme monétaires, représente un passage de 55.7 milliards USD en 2023 à 99. 4 milliards en 2028.  Le PIB nominal devrait suivre une évolution similaire, passant de 64.1 milliards USD en 2023 à 114.5 milliards USD en 2028. 

Pour ce qui est du taux de croissance du PIB par habitant, Matata prévoit la même trajectoire ascendante. Il passera de 3,1% en 2023 à 9,5% en 2028. En d’autres mots, chaque Congolais aura au moins une bourse d’environ 852,1 USD à l’horizon 2028. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que cette croissance ne permet pas de rendre compte des inégalités de revenu et de richesse légendaires et caractérielles de la RD-Congo.

La question de répartition des richesses, des institutions budgétivores, la corruption endémique, la castre des oligarques et bourgeois compradors issue des pouvoirs qui se sont succédés depuis les deux dernières décennies,… autant des questions auxquelles Matata devra répondre.

Ol's Kakenge

Journaliste, Ecrivain-Poète et Dramaturge Congolais

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