RDC : Candidature unique de l’opposition, une fiction pour crédibiliser la tricherie !
Déjà des médias internationaux, des analystes de plateaux et des spécialistes auto-proclamés de la politique rd-congolaise annoncent la déconfiture de l’opposition face au pouvoir par manque d’unité.
Des couleuvres que les régimes qui se sont succédé en RDC depuis les premières élections post-démocratisation se sont évertués à faire avaler à l’opinion. Mais la réalité en est tout autre, car les chiffres d’antan, combinés aux réalités d’aujourd’hui prouvent en faux cet argument.
Vote-sanction de 2006 et faux argument de l’unité
La première élection présidentielle a eu lieu en 2006. Face à Joseph Kabila qui régnait à la tête du pays depuis 2001, succédant ainsi inconstitutionnellement à son défunt père, s’érigeaient 32 candidats quasiment tous, si pas venus de l’opposition, mais se réclamant ainsi.
La presse, voire les fameuses missions d’observations internationales, surtout celle dite Union Européenne, donnaient aucune chance à une opposition, disait-on, qui combat en ordre dispersé. Opposants, plusieurs de ces candidats ne l’étaient que pour crédibiliser la fameuse thèse de manque d’unité.
Au final, avec la CEI de Malu-Malu dans sa poche, Kabila a été contestablement proclamé président de la République au deuxième tour malgré l’alliance avec Kizenga et Nzanga Mobutu, sortis troisième et quatrième au premier tour.
Dans un rapport publié l’année qui a suivi cette élection, on pouvait voir comment la fameuse observation dessinait à son goût le portrait de ce qu’on qualifiait déjà de nouvelle classe politique de la RDC. On y annonçait la mort politique d’Etienne Tshisekedi. L’opposition s’appelait désormais MLC de Bemba. Kabila était incontestablement l’homme le plus populaire en s’alliant avec le roi de l’ouest, Kizenga et le fils de Mobutu.
On pouvait lire dans les lignes du rapport de l’Union Européenne : « La formation de larges plates-formes électorales a cependant témoigné de la volonté des deux camps de se replacer dans une logique électorale. L’AMP s’est ainsi rapprochée du PALU d’Antoine Gizenga, lui proposant le poste de premier ministre en cas de victoire, puis de l’UDEMO de Nzanga Mobutu. Ces deux candidats avaient en effet rassemblé, essentiellement dans l’ouest du pays… De l’autre côté de l’échiquier, Jean-Pierre Bemba a remporté le pari de devenir le chef d’une opposition renouvelée par l’effacement de l’UDPS. »
2011, l’argument de l’unité à la peau dure Bis repetita
La chanson de l’unité manquée de l’opposition reprend en 2011 lors des élections. Dans sa publication du 28 novembre 2011, France24 sous-titre : « Les Congolais se rendent aux urnes ce lundi pour élire le futur président de la République Démocratique du Congo ainsi que 500 députés. Le sortant Joseph Kabila est favori à sa propre succession face à une opposition divisée. »
A l’unisson, les autres médias et experts de plateaux reprennent le refrain. Mais Kabila sait que la chance n’est pas de son côté. Son bilan bat campagne contre lui. Malgré le moyen de l’État, malgré la réduction des mouvements de son adversaire direct, il lui a fallu répéter son coup de génie de 2006 avec un ton nouveau d’imagination.
La CENI est entre les mains d’un de ses fidèles, Ngoy Mulunda, Vital Kamerhe joue le diviseur commun multiple de l’opposition, etc.
Au finish, avant d’être proclamé président de la République, il fallait brandir un spectre de la Cour Pénale Internationale sur le visage de Tshisekedi pour le garder en laisse. Quelques jours avant même les scrutins, alors qu’ils donnaient depuis le début de la campagne, Etienne Tshisekedi ainsi que l’opposition divisée perdent, des médias internationaux commençaient à changer.
Dans un raccordement frauduleux, la Voix de l’Amérique a sous-titré dans sa publication du 11 novembre 2011 : « Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, met en garde la classe politique contre les violences électorales. Les militants de l’opposition se sont encore réunis ce vendredi dans un stade de Kinshasa. »
La leçon de 2018…
Plus récemment en 2018, le discours sur la désunion de l’opposition s’est complément effrité, car Shadari ne faisait pas le poids. L’explication était la division ethno-géographique du pays. L’ouest était attribué à Fayulu, le centre à Tshisekedi et la région du grand-Kivu à Kamerhe et autres, le grand-Katanga à Katumbi…. ainsi de suite.
A supposer que cela s’avère vrai, à quoi servirait l’union de l’opposition en 2023 ? Car si hier Tshilombo avait aucun bilan à présenter étant novice. Aujourd’hui son bilan bat campagne contre lui. Par ailleurs, c’est un fait que la RDC n’a jamais connu une montée rapide du tribalisme comme sous Tshilombo.
Et si chacun n’a d’assurance que sa base naturelle, Tshilombo ne fera pas exception. Sa tournée dans le Kongo-central en dit long. Qui plus est, Tshilombo partage sa base électorale ethnique avec une dizaine de candidat dont les deux plus grands, Delly Sessanga et Franck Diongo, sont dans l’opposition.
La fiction semble pourtant être bien faite même si les parties du puzzle démontre clairement la réalité. On avance, à petit pas et sûrement, la suite nous donnera raison si et seulement si, lesdites élections de décembre 2023 auront bel et bien lieu…