RDC : baromètre du panier de la ménagère en temps des fêtes et la disette nationale de l’est à l’ouest

Au même moment qu’on annonçait la visite du chef de l’État congolais dans le grand-Kasaï, l’État providentiel de la RDC refait surface dans cette partie de la République frappée l’année durant de la malnutrition. Plus de cinquante wagons contenant des produits alimentaires, de la bière et quelques articles divers ont quitté Kamina, deux jours avant l’arrivée du président, pour être acheminés à la gare ferroviaire de Mwene-Ditu (Lomami). Comme pour dire, le père Noel venu de Kinshasa apportera la fête.

Mais à Lubumbashi, contrairement au grand-Kasaï, la tête n’est pas à la fête. Les prix des produits des denrées alimentaires sont en hausse. Un verre de sucre qui se vendait à 500 francs congolais (0.25USD) se négocie actuellement à 700 francs congolais (0.72 USD). Les personnes rencontrées dans les rues de cette grande métropole du sud-est de la RDC se plaignent du manque criant d’argent en circulation. Les fonctionnaires ne sont pas encore payés.

Dans le Kongo-Central, on fait le même constat. Non seulement que les marchés et les étales sont vides, mais le peu de produits de première nécessité qu’on y trouve sont hors de portée des bourses des familles moyennes. A Matadi, par exemple, la banane plantain, qui est l’aliment favori de temps des fêtes, se vendait à 8000 francs congolais (4 USD) le régime, se vend actuellement à 30 000 francs congolais (15 USD), voire plus.

Le même constat est fait du côté des produits surgelés qui sont non seulement introuvables sur le marché, mais aussi leurs prix prennent de l’ascenseur dans les rares endroits où on peut les trouver. Comme pour dire, raconte-t-on, « que le gouvernement doit d’abord distribuer ses poissons de la Namibie pour les fêtes et ceux des commerçants viendront plus tard…. Alors que ses poissons namibiens sont du domaine de l’utopie étatisée ». Dans l’entre-temps, dans les chambres froides du Kongo-Central et de Kinshasa, Congo Futur, SOKIN et Mbatshi imposent le tempo. Les côtes de porc, les poissons chinchards 20+, la viande de bœuf, les poulets de marque connue d’antan tels que Wilki et Pluvera, et tant d’autres, sont quasi inexistants sur les marchés. 

L’absence de ces produits a engendré la hausse de leur prix sur le marché. Un carton de poulets vendu actuellement à 50 000 francs congolais (25 USD) se négociait récemment à 43 000 (26,5 USD).  Le carton des poissons 18+ était vendu à 105 000 (52,5 USD), mais aujourd’hui il est se vend à 144 000 (72 USD).

Dans le grand-Bandudu, la situation est pire. Elle s’est aggravée par la coupure de la route nationale numéro 1, reliant les villes de Kinshasa, Kikwit et la province du Kasaï, survenue à quelques jours de noël. Le ravin qui menaçait depuis plusieurs mois cette route d’approvisionnement de tout ce coin de la RD-Congo a coupé en deux la nationale numéro 1 au niveau du péage de Kasaï et du camp Bulungu, dans le territoire de Masimanimba, dans le Kwilu.

A l’est du pays, le cœur n’est même pas à la fête. Commerçants et population ne demandent qu’à traverser cette période vivants.

Au village Ntoyo dans le secteur de Bapere au Nord-Ouest de Butembo, dans la province du Nord-Kivu, par exemple, toutes les activités économiques ont été suspendus après le meurtre d’un jeune dans son domicile par des hommes armés.  Des habitants en colère, n’avaient plus l’esprit à la fête. Ils ont transporté le corps du défunt jusqu’au bureau du chef de secteur de Bapere, à Mangurejipa pour réclamer justice.

A Mongwalu, un centre commercial situé à 85 kilomètres de Bunia dans le territoire de Djugu, en Ituri, la population s’est vidée à la veille de noël. Pour cause, des miliciens de la CODECO ont annoncé qu’ils attaqueront la ville pendant les fêtes. Par conséquence, toutes les activités économiques sont paralysées.

Même le père Noel a oublié la RDC

C’est à Kinshasa que s’opère la somme de toute cette misère qui mêle aux lumières de noël installées sur le boulevard du 30 juin. Kinshasa n’a jamais été autant triste pendant le temps de fête. Les marchés sont vides, les rues désertes, les terrasses sèches…. Même les églises, seul refuge face au purgatoire imposé par la misère, un constat est fait : les enfants n’avaient pas des beaux habits neufs que, selon la culture congolaise, père noël habituellement leur apporte. Même lui a oublié ces jeunes congolais.

Jeanne Bahati

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