RD-Congo : la rixe ministère de Portefeuille contre IGF se règle sur les réseaux sociaux
Jules Alingete, regard presque perdu, avec une expression faciale qui traduit le ridicule,… c’est ainsi que la ministre d’État en charge du Portefeuille, Adèle Kayinda Mayina a choisi de confronter l’inspecteur des Finances devant ses collègues et journalistes, comme le montre la vidéo ci-dessous.
Dans une correspondance, fuitée dans les réseaux sociaux avant même de parvenir à l’intéressé, l’inspecteur général des Finances de la RD-Congo, Jules Alingete, a accusé le ministre de Portefeuille de consacrer l’impunité.
Après une mission de contrôle à la Regideso, SCTP, Cobil SA et Sonahydroc SA., l’inspection générale des Finances aurait constaté plusieurs actes de mauvaise gestion. Et Jules Alingete attendait du ministre ayant le Portefeuille dans ses attributions, des sanctions à l’égard des gestionnaires de ces entreprises de l’Etat. Face au manque de réactions rapides comme il l’aurait souhaité, le patron des inspecteurs des Finances a choisi l’escalade en accusant la ministre des Portefeuille. Cependant, comme dans ses habitudes, l’IGF publie la lettre accusatrice dans les réseaux sociaux où la popularité de ses actions ont déjà jeté en pâture plusieurs autorités soupçonnées de détournement.
La réponse de la bergère au berger…
Mais Adèle Kayinda Mayina n’est pas du genre à encaisser sans riposter. Elle convoque une réunion mixte jeudi 10 février 2022 au ministère du Portefeuille au cours de laquelle elle confronte Alingete devant ses collègues ainsi que la presse invitée pour assister à cette humiliation.
Pendant plusieurs minutes, Alingete se fait littéralement sermonner devant les caméras. La ministre, d’un calme olympien, n’a pas quitté l’inspecteur des yeux alors qu’elle lui parlait. Presque la queue entre les jambes, Alingete a présenté ses excuses et a reconnu sa faute. Pire, dans son envolée verbale, Alingete a reconnu que l’IGF n’est qu’un « petit service administratif » dont le rôle n’est pas de donner des ordres, mais plutôt d’accompagner la ministre qu’il n’a pas hésité d’appeler « maman ».
Le rebond de l’humilié
Au sortir de la réunion mixte avec la ministre, Alingete a compris qu’il s’est fait piéger. Que l’engueulade télévisée était un plan pour lui remontrer les bretelles sur la place publique. Tout de suite, l’homme a voulu rebondir, toujours sur les réseaux sociaux où ses tweets ont un franc succès : «séance de travail Portefeuille-IGF ce jeudi 10 Février 2022. Nous regrettons une exploitation mensongère du Service de la Presse du ministère du Portefeuille. L’IGF ne reconnaît aucune maladresse et n’a jamais été recadrée». Et comme au ministère du Portefeuille, les services de communication de l’Inspection générale se sont aussi embarqués. Ils ont reproduit la réplique de leur chef sur le compte twitter de l’Inspection Générale des Finances et sur plusieurs d’autres comptes et plateformes.
Des journalistes dits pro-Alingete et autres affidés aux méthodes de l’IGF ne sont pas restés en marge. Emissions télévisées, articles, Tweets, postes, etc., rien ne sera laissé de côté pour soutenir celui qu’ils qualifient de champion de la bonne gouvernance prônée par le chef de l’Etat RD-Congolais, Félix Tshisekedi.
Le shérif revient à la charge
Alors qu’on croyait l’avoir affaibli ou intimidé, Alingete semble plutôt avoir été provoqué. Comme jamais auparavant, il lance une attaque frontale contre les membres du gouvernement qui voient d’un mauvais œil sa patrouille financière. Ce weekend, son compte twitter a été prolifique. Sans citer nommément des ministres, il tweete : « Les complices des mandataires de la SCTP (ex-Onatra) dans la surfacturation de 5 millions de Usd du dossier IMD sont dans des cabinets ministériels. C’est une prédation en bande organisée #IGF ».
Des accusations jugées très graves par plusieurs ministères dont celui du Portefeuille, des Finances et des Transports. Selon certaines indiscrétions, une des autorités indexées dans ces tweets aurait convié Alingete à un débat public afin de démontrer à la face du monde la fausseté de ses allégations. Mais au lieu de répondre par la même voie à cette invitation, Alingete a encore choisi une fois de plus twitter : « Je refuse de faire des débats avec des autorités manifestement corrompues qui entravent la lutte contre l’impunité déclenchée par le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi @Presidence_RDC @IgfRdc #IGF ». Comme pour dire, en RD-Congo les affaires de l’Etat se gèrent sur les réseaux sociaux.