RD-Congo : 1.5 milliard USD des réserves de change à la rescousse des ambitions populistes comme l’autrefois ?

Nicolas Kazadi, ministre des Finances de la RD-Congo

Le ministre des Finances Nicolas Kazadi a-t-il recouru aux réserves de change de la banque centrale pour éponger le déficit de dépenses de l’État ? 1.5 milliard, dit-on, serait sorti de la Banque Centrale de la RD-Congo, mais pour quoi faire ?  

Ces rumeurs folles qui circulaient depuis deux semaines autour du ministère des finances tendent à se confirmer. La performance vantée n’était-il que de la farce ? L’économie Rd-congolaise subit-elle de plein fouet les effets de la crise mondiale ?

Mais le problème, est que les réserves de change, financée pratiquement par le FMI, devait servir à financer le déficit commercial du pays et non servir à autre chose. Ce qui est évident, pour la RD-Congo où, les importations ont toujours été fortement supérieures aux exportations. Cependant, il sied de rappeler que les gouvernements ante – alternance n’avaient recouru à cette source de financement qu’en dernier ressort. Ce qui n’est pas le cas avec le régime de Tshisekedi, qui, dans un passé récent, avait ponctionné dans les réserves pour financer,  non pas un quelconque déficit commercial, mais plutôt des ambitions politiques non budgétisées au départ.

Pour l’heure, la rédaction de cfinances.info doute que cet argent ait été effectivement sorti pour ses fins naturelles, c’est-à-dire financer le déficit commercial du pays. « Si le 1.5 milliard est pour financer réellement le déficit commercial, c’est que le gouvernement vient de nous révéler que la RD-Congo n’a vraiment pas une bonne cote de crédit comme on le prétend. Car, dans une situation de déficit commercial, les réserves de change sont un recours de dernier ressort. En principe, pour financer ce déficit, l’État recourt d’abord soit à l’endettement auprès des autres pays, soit il vend simplement ses actifs domestiques, tels que les actions, l’immobilier… Mais, pour cela, il faut soit être crédible, pour le premier scénario, soit trouver des acheteurs, pour le deuxième. A défaut, le dernier recours pour payer ses importations est de puiser dans ses réserves, en l’occurrence les réserves de change, » explique Dany Shaumba, expert financier de cfinances.info.

On ne nous dit pas tout !

La rédaction de cfinances.info a poussé loin son enquête afin de savoir si réellement la RD-Congo se trouve dans une situation dans laquelle les autres pays ne veulent plus financer son déficit commercial, par crainte de ne pas être remboursés et qu’elle soit dans l’obligation de puiser dans ses réserves de change. Contactés, ni le ministère des finances, moins encore la Banque Centrale ne veut communiquer. L’omerta est le mot d’ordre. Dans le couloir du ministère,  on reconnait que, loin de la propagande politicienne sur une performance, il n’est pas faux de dire que le pays se trouve face à une situation quasi permanente de crise de la balance des paiements. Car, nos enquêteurs ont pu constater depuis quelques années une réduction des importations, signe visible que la RD-Congo n’a plus assez des moyens de les payer.

Par ailleurs, un autre indicateur qui confirme les travaux de cfinances.info est qu’il y a une dévaluation du franc congolais qui ne dit pas son nom, mais qui rend les importations plus chères, selon les témoignages récoltés dans le milieu des affaires.  Pour leurrer, le gouvernement pratique la politique de blocage de taux de change du dollar.

L’opacité de l’État rd-congolais laisse aussi place à une spéculation pas très favorable, car l’absence des données disponibles sur l’état des dépenses publiques fait croire que la RD-Congo a déjà commencé, depuis peu, à limiter la consommation donc les importations. Qui pis est, ce qui renforce la thèse de cfinances.info, ce sont les faits corolaires qui accompagnent toute situation de plongeon de la consommation et de l’investissement.  Il s’agit de la baisse de la croissance et de la hausse du chômage qui sont perceptible en RD-Congo. Le pire est qu’on apprendrait que le recours aux réserves de change n’a pas eu pour finalité de financer l’importation, mais plutôt des ambitions électoralistes et populistes du pouvoir qui se traduisent, comme en 2019, dans des projets des grandes envergures sur les 145 territoires du pays. Une affaire à suivre de tout prêt.

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Jeanne Bahati

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