Rapport FMI : la récession, l’occident paie-t-il le prix de ses propres sanctions contre la Russie ?

Sources : Photo par Stefani Reynolds / AFP

Même si cela n’est pas dit de manière claire, le rapport du Fonds monétaire international (FMI) de ce mardi 11 octobre 2022, non seulement tire la sonnette d’alarme sur l’écroulement de l’économie mondiale en 2023, mais pointe aussi les responsables…

 En effet, le FMI a abaissé ses perspectives de croissance pour 2023 et annonce une récession mondiale due aux hausses de taux d’intérêt causant l’inflation.

Ce rapport sur les perspectives de l’économie mondiale est publié en marge des réunions annuelles de la Banque Mondiale et du FMI qui se tiennent cette semaine à Washington et connaissent la participation des plus hauts responsables économiques du monde.

Comment l’économie mondiale en est arrivée là ? La cause n’est pas à chercher loin, selon le rapport, c’est la guerre en Ukraine.

Le monde entier est touché par les perturbations persistantes de la chaîne d’approvisionnement, suite à la guerre que l’OTAN mène contre la Russie, par l’Ukraine interposée, et qui a entraîné une flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires au cours de cette année. En réponse, les banquiers centraux ont augmenté fortement les taux d’intérêt pour refroidir leurs économies.

Certes, cette augmentation des coûts d’emprunt a pour objectif de réduire probablement l’inflation en ralentissant l’investissement des entreprises et les dépenses de consommation. Cependant, comme le note le FMI, des taux plus élevés vont également entraîner une nouvelle série de problèmes, tels que : une cascade de récessions dans les pays riches et des crises de la dette dans les pays pauvres.

Le pire est encore à venir

Pour l’année 2022, le FMI a maintenu sa prévision la plus récente selon laquelle l’économie mondiale connaîtra une croissance de 3,2 %. Cependant, il prévoit désormais un ralentissement à 2,7 % en 2023, légèrement inférieur à son estimation précédente. Alors qu’Il prévoyait, au début de cette année, une croissance mondiale de 4,4% en 2022 et de 3,8% en 2023.

Loin d’être une fausse alerte, Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, a souligné que « les risques s’accumulent » de plus en plus, car «nous nous attendons à ce qu’environ un tiers de l’économie mondiale soit en récession technique» a-t-il déclaré lors d’une interview donnée à la presse à Washington.

Europe et effet boomerang des sanctions contre la Russie

En Europe, deux premiers grands pays développés à basculer sont l’Allemagne et l’Italie avec des reculs respectifs de 0,3 % pour le PIB allemand, et de 0,2 % pour celui de l’Italie ainsi qu’une dégradation lourde des perspectives respectivement de 1,1 point et 0,9 point de moins par rapport aux précédentes prévisions en juillet.

Ces deux pays ont une chose en commun, note le FMI : la vulnérabilité aux chocs sur le marché du gaz. « L’affaiblissement des perspectives de croissance est particulièrement grand pour les économies les plus exposées aux coupures de gaz russe ainsi qu’aux conditions monétaires plus strictes » en zone euro, peut-on lire dans le rapport.

L’Allemagne étant la première économie de la zone euro, les problèmes, à en croire le FMI, risquent de peser « lourdement » sur la croissance de ses voisines, le cas de la France dont la prévision de croissance est revue en baisse l’an prochain, soit 0,7 % (-0,3 point), et l’Espagne à 1,2 % (-0,8 point).

Les USA ne tire pas son épingle du jeu

Aux États-Unis, les entreprises américaines et Wall Street se préparent déjà à un ralentissement. Selon Jamie Dimon, directeur général de JPMorgan Chase, la récession attendra les USA dans entre six et neuf mois.

Le FMI note qu’aux États-Unis, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt sapent déjà le pouvoir d’achat des consommateurs, et l’activité immobilière se ralentit à mesure que les taux hypothécaires augmentent.

Par ailleurs, bien que la récente baisse de trois mois des prix de l’essence a soulagé les consommateurs américains de l’inflation, mais les prix ont recommencé à augmenter. La tendance risque de se poursuivre après la réduction de la production de pétrole annoncée la semaine dernière par l’OPEP Plus.

Une question demeure, est-ce que la crise est la conséquence de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou la conséquence de l’intervention de l’OTAN dans la guerre ukrainienne avec des sanctions économiques?

La réponse américaine est donc connue. Pour Janet L. Yellen, la secrétaire au Trésor, « le régime de Poutine et les responsables qui le servent portent la responsabilité des immenses souffrances humaines que cette guerre a causées », rapporte un document du département du Trésor distribué en marge de la réunion des ministres des Finances de mardi au sujet de la crise alimentaire mondiale.

Une chose certaine, les plus hauts responsables économiques du monde ainsi que les deux institutions (la BM et le FMI) sont visiblement inquiets au sujet de l’économie de l’occident, bien qu’ils prétextent vouloir protéger les pays « Les pauvres qui seront les plus touchés », comme l’a fait savoir David Malpass, le président de la Banque Mondiale. De quoi se demander où sont alors passés les centaines de bateaux de céréales débloqués des ports ukrainiens par la Russie afin de soulager les pays pauvres qui seraient déjà frappés par la famine à la suite de la guerre ? Seuls quatre auraient atteint les côtes africaines…

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Papy Mayuma

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