Quota de pêche pour la RDC : il eut fallu que la Namibie fasse des pieds et des mains pour se faire payer

Alors qu’à Kinshasa on annonçait l’inondation du marché par les chinchards achetés en Namibie, jusqu’à faire baver les congolais, le gouvernement, d’une part, n’avait pas encore honoré ses factures et, de l’autre, n’est toujours pas certain de ramener ce plat de la mer aux assiettes des congolais.

Lors de la vente aux enchères publique du 9 septembre 2021 à Windhoeck du quota restant de la récolte des chinchards qui n’a pas été repris par l’industrie locale, la RDC a manifesté son intérêt par l’intermédiaire du ministère des Relations internationales et de la Coopération. Le quota a valu plus de 85 millions de dollars namibiens (soit environ 6 millions de dollars américains) au prix de l’offre. A la fin de septembre, le porte-parole par intérim du ministère des Finances namibien, Tonateni Shidhudhu, a confirmé que le Trésor de son pays n’avait pas encore reçu l’argent. L’argent devait être déposé sur le compte de l’État au plus tard à 10h00 le 30 septembre, selon la correspondance du directeur exécutif des finances par intérim, François Brand, envoyé à l’ambassadeur congolais en Namibie. Et grâce à la pression de la directrice exécutive des pêches, Annely Haiphene, on apprend que le gouvernement de la RDC aurait effectué le paiement, mais personne ne sait si c’est en entièreté.

Cette difficulté de paiement, selon les sources gouvernementales congolaises était due du fait certaines autorités du gouvernement Tshisekedi ont émis des doutes sur la capacité matérielle de la RDC de réaliser cette pêche ainsi que de distribuer les poissons sur le marché congolais. Cependant, étant donné que le gouvernement avait déjà annoncé publiquement l’acquisition de ce quota et par crainte d’une procédure judiciaire à l’encontre de la RDC, le gouvernement ne pouvait donc plus se réctracter.

Le problème de paiement a aussi soulevé d’autres questions sur la nature même de cette vente. Selon plusieurs namibiens, cette vente manquait de la transparence et soulève jusqu’à ce jour des doutes sur sa contribution à l’industrie de la pêche namibienne. Personne, ni le ministère namibien des finances, moins encore celui de la pêche, est dans la capacité d’expliquer comment s’est faite la vente directe de ce quota à la RDC. Par ailleurs, la vente présentée comme aux enchères n’a pas été annoncée ou rendue publique, pas plus que ses modalités et conditions. Malgré les explications de Derek Klazen, ministre namibien de la Pêche et des Ressources marines, le flou demeure.

Le sérieux défi est à venir. Avec seulement deux mois qui lui reste ainsi que des conditions météorologiques peu favorables en mer, le doute persiste sur la capacité de la RDC de sortir de l’eau 27 300 tonnes métriques de congélateur de chinchards. C’est environ 11 000 tonnes qu’elle doit capturer par mois, soit environ cinq navires si chaque navire capture 2 200 tonnes par mois. Ce qui est la capacité de la plupart des navires. En plus, en vertu de l’exigence légale des enchères, les récoltés doivent être faites par un navire de pêche autorisé conformément à l’article 40 de la Loi namibienne sur les ressources marines, et en particulier le paragraphe 40 (3) qui stipule que ces navires doivent être exploités par au moins 90% de Namibiens. Alors que ces namibiens en question viennent de sortir d’une autre saison de pêche.

Le pire est que selon cette même législation namibienne, le quota ne peut pas être transféré à la saison suivante s’il n’est pas capturé à temps, car cela aurait un impact sur le total autorisé des captures de l’année suivante.

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S Gayala

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