Quand la mafia autour de la Miba applaudit le discours de Tshisekedi sur SACIM
Accusé la SACIM d’être à la base de misère des Kasaïens, c’est dédouaner la mafia qui a saigné à blanc la Miba et dont certains parrains étaient dans la délégation du chef de l’État pendant sa visite au Kasaï Oriental. Clairement, pour Felix Tshisekedi, des personnes de mauvaise volonté ont dépouillé la MIBA de ses avoirs et ont créé la société chinoise qu’on appelle SACIM. Par conséquent, la mort de SACIM serait la relance de la MIBA ?
Et non, c’est là faire un mauvais chemin. Plusieurs rapports ont démontré que le pillage de la Miba est organisé par des natifs mêmes du coin. Le denier est le rapport publié par la Southern Africa Resource Watch sur les vrais profiteurs du diamant de la MIBA. Il suffit de faire une cartographie des entreprises qui occupent réellement les concessions couvertes par les 50 Permis de Recherche et 30 Permis d’Exploitation (PE) de la Miba pour se faire une idée. Certaines de ces entreprises se sont mêmes imposées comme partenaires de la Miba avant même de forcer cette dernière à les accepter comme tel.
C’est le cas de la société SOGEWYZ S.A.R.L, propriété de Monsieur Alphonse Ngoyi Kasanji, ex-Gouverneur de la province du Kasaï Oriental. Cette société a fait signer à la Miba un contrat d’amodiation afin d’exploiter dans les lits des rivières Mbujimayi et Sankuru où elle dispose de 6 dragues connues. Mais avant même de faire signer à la Miba se partenariat, la société de Ngoyi s’y était déjà installée sans l’accord préalable de la MIBA depuis 2012, alors que son patron était gouverneur. Et malgré la régulation de la situation, les dragues de Ngoyi Kasanji exploitent sur tous les permis d’exploitation en lieu et place de deux permis lui octroyés par la MIBA. Et notre les enquêteurs de la Southern Africa Resource Watch, la MIBA ne tire aucun bénéficie de la production estimée à 4000 carats de diamant produits par jour par la société SOGEWYZ S.A.R.L. Cependant, Kasanji était de la délégation qui a précédé le chef de l’État au Kasaï et préparée sa venue.
D’autres contrats avaient été signés entre les chinois et la Miba, avec la bénédiction des autorités du pays, on pense ici, par exemple, à la Société Minière de Lubilanji qui exploitait le diamant dans la rivière Mbujimayi suivant un contrat de joint-venture résilié en 2016.
Un autre contrat de partenariat est celui de Serge Kasanda, un autre fils du coin, proche de Felix Tshisekedi, avec sa fameuse société roumaine dénommée AM Developments international qui prévoyait l’exploitation du massif Kimberlitique n°1 de la MIBA. Une joint-venture qui visait à minoriser la Miba des parts sociales qu’elle détenait jusqu’à lors à la hauteur de 80%. En échange, la société de Kasanda a payé à la Miba la somme de 30 millions USD à titre de pas de porte non remboursable et a apporté un financement pour le projet d’exploitation de plus ou moins 170 millions USD. A ce jour, plus personne de parle de la fameuse Joint-Venture.
A côté des policiers et autres agents de sécurité qui ont, depuis des années, installé un réseau mafieux au niveau des sites qui entourent le polygone MIBA, en permettant aux creuseurs artisanaux, moyennant des frais communément appelés « jeton » ou « mot de passe » d’y accéder et d’y exploiter, la fraude est systémique dans les installations même de la MIBA. Elle est entretenue au plus haut-niveau de l’entreprise, à en croire les enquêteurs de la Southern.
En effet, selon les révélations faites par un ancien Directeur général de la MIBA aux les membres du bureau de l’Assemblée Provinciale, la fraude endémique au sein de la MIBA est savamment orchestrée par les agents et cadres de l’entreprise (notamment les Directeurs généraux, les directeurs) en complicité avec les grands diamantaires de cette province. En outre, Il a indiqué qu’un puissant réseau mafieux opérerait au sein de cette entreprise et aurait accès à la Centrale de triage de diamant où sont traités et stockés les pierres précieuses. Les diamants sont constamment volés et par conséquent les statistiques de la production affichent toujours une courbe descendante.
Alors qu’on s’attendrait que l’État de droit de Felix Tshisekedi poursuive toutes ses personnes, mais on a toujours l’impression que non seulement que l’État de droit ne fouine pas le passé, mais le présent n’est vraiment pas aussi sa tasse de thé.