Présidentielle 2023 : Fayulu et Katumbi, personne ne veut lâcher la magistrature suprême !
C’est du 13 au 16 novembre dernier que, les représentants des opposants congolais se sont réunis à Pretoria, en Afrique du Sud pour trouver le compromis sur une candidature commune de l’opposition. Les dernières nouvelles font état d’une coalition, une nouvelle, avec comme dénomination « Congo ya Makasi » qui voit quatre opposants s’alliés sauf Martin Fayulu dont le représentant n’a pas signé la participation. L’opposition ira donc en deux groupes si, Fayulu persiste à rejoindre les autres et/ou si, les quatre autres leaders restent réellement ensemble. Mais, il faut se le dire, cette rencontre au pays de Nelson Mandela ne pouvait que ne pas sortir une candidature commune.
Alors que le 20 décembre approche à grands pas, l’incertitude plane sur celui que l’opposition portera car il y a bien des candidats qui sont disposés à aller jusqu’au bout. Qu’à cela ne tienne, notre source renseigne que des liens se tissent entre candidats, ce qui mènerait probablement à une fusion de certains camps de l’opposition.
Jusque-là, à environ 1 mois de la présidentielle, l’opposition congolaise devrait résoudre une équation à cinq inconnus afin d’avoir la candidature commune. Il se trouvait dans cet exercice, cinq noms mystères : Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Denis Mukwege, Augustin Matata Ponyo et Delly Sessanga… Tous candidats pour tenter de battre Félix Tshisekedi, qui brigue un second mandat en décembre. A Pretoria, en Afrique du Sud, l’objectif était de trouver une stratégie commune, et pourquoi pas, désigner un candidat unique de l’opposition.
C’est vrai que, l’opposition ait bien fait de se rassembler pour maximiser ses chances de l’emporter sur Felix Tshisekedi mais, le conclave de Pretoria n’a pas su éviter les écueils de 2018, à Genève, où les principaux ténors de l’opposition avaient désigné Martin Fayulu comme candidat commun, avant que Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ne tournent le dos à l’accord pour se lancer en duo dans la course à la présidentielle. A l’époque, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, empêchés de présenter leur candidature, avaient soutenu Martin Fayulu. Mais, aujourd’hui, Jean-Pierre Bemba roule pour le président Tshisekedi et Moïse Katumbi a déposé sa candidature. Il faut donc à tout prix éviter de répéter le traumatisme de Genève.
Fayulu et Katumbi : Personne ne veut céder la place !
Dans une présidentielle à seul tour, la dispersion des voix de l’opposition offre un net avantage au candidat sortant. Il faut se le dire, les négociations pour une possible entente de l’opposition sur un candidat commun étaient particulièrement complexes. L’aboutissement à une course en ordre dispersé n’étonne certainement pas les observateurs avertis bien que, les choses aient pris une tournure à laquelle on ne s’attendait pas.
Bien que cela se dise tout bas, les raisons principales de la tournure qu’a prise le conclave de Pretoria sont :
- Primo, Martin Fayulu, qui est considéré comme celui qui a gagné les élections de 2018, cherche à prendre sa revanche ;
- Secundo, Moïse Katumbi, qui court après ce poste depuis 2014, joue peut-être sa dernière chance ».
- Tertio et enfin, la configuration politique est très différente de celle de 2018. « Joseph Kabila n’est plus président, et c’est un ancien opposant, Félix Tshisekedi, qui est désormais au pouvoir et qui connait parfaitement tous les mécanismes et les manœuvres de l’opposition ».
Cette troisième est d’ailleurs une raison supplémentaire qui, il faut le préciser à pousser les opposants à se méfier, et à continuer de se méfier, les uns des autres, même si certains accords ont été signés avec « Congo ya Makasi ».
Les premières raisons par contre, laisse entrevoir la controverse qu’il y a eu entre les représentants de Katumbi et Fayulu. Chaque, ce qui est sûr, n’a pas cessé de dire que son candidat était le mieux placé pour incarner le visage unique l’opposition. Et si Fayulu n’a pas intégré la nouvelle coalition, c’est surement parce que comme Katumbi, il est bien décidé « à aller jusqu’au bout », quoi qu’il en coûte.
Pas de Katumbi-Sessanga vs Mukwege-Matata : La surprise !
C’est comme ça qu’on voyait les choses au début. Katumbi-Sessanga vs Mukwege-Matata, c’était notre pari, surtout que, dans les QG de l’opposition, et aussi à voir les mobilisations sur terrains, on était sûr qu’il n’y avait que peu de chance pour que « le club des cinq » se mettent d’accord sur un candidat commun et voir les quatre autres s’effacer derrière lui. Il était d’autant plus probable de voir deux ou trois candidats s’allier, laissant ainsi les deux autres libres de poursuivre la campagne en solo.
Mais, même dans cette situation où, Fayulu est mis de côté, on voit mal ses autres leaders aller ensemble. Nous nous attendions et d’ailleurs, on s’attend toujours à un Katumbi-Sessanga, auxquels on peut ajouter Diongo (qui n’était pas convié à Pretoria). Moïse Katumbi peut compter sur leurs soutiens car, selon certaines indiscrétions, il finance les campagnes les législatives de ce deux-là.
On ne pourrait pas s’attendre à un Fayulu qui rejoigne Katumbi ou Matata. Car au-delà du fait qu’il soit le plus radical sur ses positions, Martin Fayulu, n’entretient pas de bonnes relations avec Moïse Katumbi et Matata Ponyo. Par contre, le leader de l’Ecidé a toujours de bons rapports avec Denis Mukwege.
Denis Mukwege s’est, quant à lui, rapproché de Matata Ponyo, avec lequel il pourrait former un ticket composé d’un membre de la société civile et d’un politicien-expert qui connaît parfaitement les arcanes du pouvoir. Le souci, c’est la mauvaise image de l’ex-Premier ministre de Joseph Kabila impliqué dans l’affaire de détournements de fonds de la ferme agroalimentaire de Bukanga Lonzo.
Fayulu-Katumbi : l’opposition dans les mains
L’axe Katumbi-Mukwege-Matata-Sessanga qui s’est formé, serait compatible pour élaborer une stratégie commune. Mais la grande question est celle de savoir : qui, pour occuper quel poste ?
Aujourd’hui, tout est une question de rapport de force. La puissance financière de Moïse Katumbi en fait clairement le principal donneur d’ordre dans ce « club des quatre ». La place de Denis Mukwege n’est pas évidente à trouver, sauf à occuper le fauteuil présidentiel, ce que Katumbi, n’est, pour l’instant, pas prêt à lâcher. Matata Ponyo pourrait se voir proposer le Sénat et Sessanga la Primature, mais le quatuor paraît encore bien trop fragile pour tirer des plans sur la comète.
La surprise pourrait venir de Martin Fayulu, qui, fort de sa popularité, pourrait finalement trouver sa place dans un ticket ou un trio avec d’autres opposants. Car, les deux aimants moteurs de cette opposition congolaise sont bien Moïse Katumbi et Martin Fayulu, avec un électron libre qui pourrait être le plus petit dénominateur commun, en la personne de Denis Mukwege.
La dernière décision de Pretoria est déjà est un bout d’échec, mais certains opposants pensent qu’il est possible de battre Félix Tshisekedi, dont le bilan est faible, sans candidature commune. Mais pour que cela soit possible, nul doute, il faut une élection libre, transparente et digne d’une démocratie. Malheureusement, la crédibilité même de ces élections est contestée par l’opposition et les conditions de transparences n’étant pas réunies, tout laisse à désirer !