PAGIRN et ses plus 350 millions USD pour l’Afrique centrale : la RD-Congo se tape un menu fretin
Il s’est ouvert le 20 janvier 2022 à Douala au Cameroun un atelier régional de restitution et de validation des résultats de la mission d’Assistance technique pour l’identification des projets d’infrastructures régionales et nationales en Afrique centrale. Cet atelier fait suite à la signature, en juin 2015 à Bruxelles, entre l’Union Européenne et l’Afrique Centrale – représentée par ses deux Organisations d’Intégration régionale (OIR), la CEEAC et la CEMAC- , d’une convention de financement d’un Programme indicatif régional (PIR) pour l’Afrique centrale au titre du 11ème Fonds européen de développement (FED).
Au total 387.2 millions USD ont été disponibilisés. Environ 48.6 millions USD seront orientés vers l’intégration et la coopération politiques dans le domaine de la paix et de la sécurité ; 239 millions USD pour l’intégration économique et le commerce au niveau régional, dont 152 millions qui transiteront par le Fonds fiduciaire pour les infrastructures ; et environ 100 millions USD pour le développement durable des ressources naturelles et de la biodiversité.
L’étude des projets a été confiée au consortium Cowi/Ecorys qui a possédé à l’identification, analyses, recherche des financements en mode blending et à la construction d’un répertoire des projets régionaux dans les secteurs du transport, de l’énergie ainsi que des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Le blending est une forme de financements stratégique mise en place par l’Union Européenne qui consiste en l’utilisation du financement public, comme levier pour mobiliser les investissements du secteur privé dans les pays en développement et débloquer ainsi des financements supplémentaires, devant tendre vers la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD).
L’atelier connait une panoplie de participants. Chaque États bénéficiaires des activités du Programme d’Appui à la Gouvernance des infrastructures régionales et nationales en Afrique centrale (PAGIRN), dont la RD-Congo, est représenté par trois experts dans les secteurs des transports terrestres, d’énergie ainsi que des technologies d’Information et de Communication. On note aussi la présence des représentants de l’Union européenne, des Commissions de la CEMAC et de la CEEAC, des institutions régionales spécialisées dans les secteurs trois secteurs concernés, des représentants du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), des représentants des institutions techniques et financières notamment comme la BEI, la BAD, la BM, l’AFD et le KFW, des représentants des Cellules nationales d’Appui à l’Ordonnateur National FED en Afrique centrale, un représentant du réseau régional des ONG d’Afrique centrale (REPONGAG), un représentant de l’union des patronats d’Afrique centrale (UNIPACE) et une équipe d’assistance technique du consortium COWI/ECORYS.
La RD-Congo et le menu fretin
Au centre même de l’Afrique et le plus grand pays d’Afrique centrale, la RD-Congo devait être le point d’où partirait le développement des infrastructures régionales d’Afrique centrale visé par PAGIRN. Malheureusement cela ne semble pas être le cas, en à croire le correspondant de cfinances.info qui est sur place à l’Hôtel La Falaise AKWA de Douala où se tient l’atelier.
On note toutefois la présence remarquable de l’expert en TIC de la RD-Congo, vu la notoriété acquise par le ministère de PT-NTIC après avoir organisé, du 28 au 29 octobre 2021 à Kinshasa, un atelier sur le renforcement de la gouvernance des technologies d’information et de communication dans le cadre du lancement du PAGIRN. Le seul bémol pour ce ministère congolais, c’est le RAM, une sorte de contribution, qui n’est ni taxe ni impôt, de tout utilisateur de la téléphonie mobile. Même à Douala, la mauvaise réputation du RAM suit l’expert congolais… ça se murmure dans les couloirs. On se rappelle que l’atelier de Kinshasa avait exactement pour objectif de mettre en place les mécanismes permettant un climat de bonne gestion et de concurrence dans les télécommunications fixes et mobiles ainsi que de fournir à la société numérique les outils juridiques permettant son plein développement tout en protégeant les utilisateurs et les producteurs. Et RAM est loin de protéger les utilisateurs congolais, si ce n’est que de les truander.
Par ailleurs, la présence de la RD-Congo est jugée insuffisante lorsqu’on connait la potentialité de ce pays en énergie propre et aussi en transport inter-régional. En plus, la RD-Congo a lancé plusieurs projets d’infrastructures de transport terrestre depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019. A l’horizon 2023, plus de 2 milliards USD pourront être investis dans les routes, ponts, bacs, électrifications, etc. Autant d’opportunités qui, normalement, devaient placer la RD-Congo en position de leader dans la mise en pratique du financement en mode Blending dans le cadre du PAGIRN. A Douala, les experts de la RD-Congo ont évité toute discussion avec cfinances.info sur la possibilité du partenariat PAGIRN-RDC dans les programmes du chef de l’Etat comme 100 jours, Tshilejelu, 145 territoires, etc.