Opinion : Retarder d’autorité la paie des fonctionnaires est une aberration dont il faut s’en départir !
Ça va faire quelques mois depuis que, les fonctionnaires de l’État congolais ne sont pas payés. Hier, jeudi 18 Avril 2024, le journaliste et analyste économique Papy Mumputu est monté au créneau pour dénoncer ce comportement intolérable.
Il a invité les aux autorités congolaises qui s’occupent de la paie de ne pas en rajouter à la pression que les élections de décembre dernier ont posé sur les épaules de Félix Tshisekedi, après que celui-ci ait été élu président de la République Démocratique du Congo. Voici son intervention :
On ne le dira jamais assez : que le salaire est un droit sacré et inaliénable. Imprescriptible, il surmonte même les temps et ne tient compte des contingences qu’à condition qu’elles soient rationnellement motivées et acceptées comme tel par l’employeur et l’employé.
Il n’y a, en cela, pas de demi-mesure, de vérité partielle ni de justification à sens unique. Se le rappeler par ces temps qui courent, c’est aider Félix Tshisekedi en ces moments si inconvenants pour son second mandat, si mauvais pour l’apparence et l’honneur que son historique de parti politique se doit de sauver. Absolument. Au risque de disparaitre. Pour toujours.
Elu à plus de 70% de voix à la présidentielle du 20 décembre dernier, Félix Tshisekedi est donc déjà très conscient de la pression qui s’exerce sur ses épaules mais – de grâce ! – ne lui en rajoutez pas.
Faisant écho à la situation en Russie et en Ukraine, Papy Mumputu pense que, la guerre à l’Est de la République ne devrait pas être une raison derrière laquelle se cachait pour éviter de payer les fonctionnaires. Surtout que dans ce lot se trouve, milliaires, enseignants, médecins, députés etc.
Comme le pays de l’ancien président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), la Russie de Vladmir Poutine est aussi en guerre. Se débattant au milieu d’une terrible avalanche de sanctions occidentales (plus de 11 milles, selon un récent décompte) pour son acte discutable, au regard du droit international, contre l’Ukraine de Volodmir Zelensky.
Mais… Jamais, alors jamais, on a entendu dire que les militaires ne sont pas payés ou, du moins, connaissent un retard dans le paiement de leur solde, parce que le pays est en guerre. De même qu’on n’a jamais appris, comme c’est le cas actuellement avec le ministre intérimaire des finances, que les agents de l’administration publique russe sont en retard de payement, parce que l’argent du trésor serait orienté vers le soi – disant effort de guerre.
Objecter en avançant l’exceptionnalité de la situation de la RDCongo par rapport à la Fédération de Russie, ne résout absolument aucun problème quant au fond. Car finalement, la question n’est pas autre que celle de savoir s’il est normal qu’on exige aux uns, qui ne gagnent pas grande chose, de serrer la ceinture, de renvoyer à plus tard leurs appétit, alors que les autres, qui ne sont pas de la grande muette, continuent allégrement d’avoir tout ce dont ils ont besoin.
Dans la même optique, évoquer ce drame que Paul Kagame a décidé de faire abattre sur notre cher et beau pays, ne dispense pour autant l’Etat congolais d’honorer ses engagements vis à vis de ses employés. Et même si c’était nécessaire, est-ce que c’est d’autorité, comme c’est le cas avec Nicolas Kazadi, qu’il faille procéder ?
La réponse, à ce sujet, nous vient du Nord, précisément de l’Allemagne, cette locomotive de l’économie de l’Union européenne. Après la seconde guerre mondiale, cette Nation était en effet détruite, son tissu économique déchiqueté, mettant employeurs et employés dans l’embarras total. ET… de commun accord, les deux parties ont convenues de travailler dur, sans une rémunération ou presque, en attendant que l’entreprise puisse d’abord reprendre les poils de la bête. Mais… que fait-on maintenant au pays de Lumumba ?
Papy Mumputu rappelle donc l’État congolais à la raison car, plus ils restent impayés sans leur consentement, plus les fonctionnaires se lassent et, le rendement va largement en pâtir.
Les fonctionnaires demeurent impayés, alors qu’on a déjà dépassé la quinzaine d’avril. Question : est-ce que cette décision – de retarder la paie – avait-elle été prise de commun accord avec, ne serait-ce, qu’un syndicat de l’administration publique ?
Sinon, qu’attend t-on alors du fonctionnaire dans ces conditions, qu’ils applaudissent (encore) pour le Chef de l’Etat ?
Il va donc sans dire qu’il est plus que temps qu’on arrête, puisque c’est déjà maintenant qu’on devra comprendre. Que retarder la paie des fonctionnaires sans se référer à eux, comme on le fait actuellement, n’est rien d’autre qu’une regrettable aberration dont il faut s’en départir. Tant et si l’héritage politique qu’on se réclame est réellement celui d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba. D’heureuse mémoire !