Nivellement par le bas ? De Kin la belle, à Kin la poubelle et en passant par Kin l’obscure
La ville de Kinshasa qui comptait 400 000 personnes en 1960 a connu un accroissement démographique important sans pour autant que les infrastructures suivent le rythme, une croissance accélérée ces dernières années avec la guerre à l’Est, l’abandon de plusieurs villes à l’ouest dont Mbuji-Mayi avec la faillite de la MIba et l’effondrement du secteur artisanal du diamant. Ce déficit en infrastructure se manifeste depuis des années dans le secteur de l’électricité avec l’apparition des délestages et des nombreuses pannes d’électricité qui plongent des millions d’habitants de cette ville dans l’obscurité pendant des longues périodes. Cette population qui assiste impuissante à cette situation face à l’inaction des gouvernements successifs a appris à la vivre avec humour en surnommant la société nationale d’électricité « SNEL », société nationale d’obscurité. En août 2019, lors du 1er forum sur l’énergie électrique organisé à Matadi au Kongo Central, Félix Tshisekedi avait reconnu l’absence des progrès dans ce domaine et avait promis la mise en œuvre des recommandations issues de ce forum.
Lors de son conseil des ministres du vendredi 03 décembre dernier, le gouvernement Sama Lukonde a informé que la ville connaît un déficit d’environ 850 mégawatts sur une demande de 1 300 mégawatts, alors que la SNEL ne fournit actuellement que 450 mégawatts. Selon le ministre des Ressources hydrauliques, le réseau de fourniture de l’électricité est caractérisé par la vétusté des équipements fonctionnels depuis 35 à 50 ans, des multiples pannes Moyenne Tension, des « interventions illicites » des inciviques sur les réseaux entraînant un dysfonctionnement, et l’obsolescence du réseau de l’éclairage public. 19 actions urgentes à mener d’ici fin décembre 2021 sur le réseau de distribution publique ont été identifiées, indique le compte-rendu du Conseil des ministres, sans plus de détails. 6 autres actions à impact visible allant au-delà de décembre 2021 vont notamment consister à réduire le délestage, améliorer la desserte et éclairer les artères de la ville ont été préconisées. La population reste en attente de voir les actions promises se réaliser car la situation demeure critique à Kinshasa et dans le reste du pays.
Selon la Banque mondiale, les populations d’Afrique sub-saharienne vont doubler au cours des 25 prochaines années à mesure qu’un nombre croissant de migrants se déplaceront des campagnes vers les villes, et recommande que les pays s’efforcent d’atteindre l’objectif de développement durable n° 7 (accès universel à l’électricité). A ce jour, si la majeure partie du continent est couverte pour moitié la RDC est encore en déca avec 13,5%, à côté du Liberia (9,1%), le Tchad (8%), le Burundi (7%), et le Soudan du Sud (4,5%) qui sont considérés comme les pays les plus faiblement électrifiés. Des pays comme le Ghana ont montré qu’il est possible d’avoir une augmentation supérieure à la moyenne car en 21 ans (de 1993 à 2014)où, il est passé d’un taux d’électrification des ménages de 31 % à 78 %. Il a été démontré que le succès passe par la mise en place d’une politique cohérente en matière de l’énergie favorisant à la fois la réhabilitation et le renforcement des structures et infrastructures existantes, la promotion de nouvelles initiatives en faveur des populations défavorisées, la coopération régionale pour des projets à grande échelle et le recours aux initiatives privées. Le pays de Lumumba encore caractérisé par l’incohérence des politiques, des scandales de corruption à répétition saura-t-il relever le défis ? Difficile d’imaginer le develeppement