Libre-échange régionale : la RD-Congo, mains et pieds liés, livrée à ses voisins, faute d’une industrie locale compétitive !

La sortie du vice-président du Kenya, candidat aux élections de 2022 de ce pays, n’est qu’une partie de l’iceberg qui cache le ridicule de toute une nation dans laquelle la politique d’ouverture outrecuidante de Félix Tshisekedi et de son prédécesseur ont imposé à la RD-Congo.

Ridicule, le mot est faible aux regards des enjeux, des chiffres et surtout de l’impact économique néfaste que risque de subir la RD-Congo face, d’une part, à une concurrence forte de ses voisins et d’autre part à la structure de son économie basée uniquement sur la consommation des produits extérieurs plutôt que de produire.

Au-delà des traités et autres accords signés par ses prédécesseurs et qui ouvrent la RD-Congo au commerce international, plus particulièrement à une zone de libre-échange intra africaine, à savoir l’adhésion au Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), à la Communauté économique des pays des Grands Lacs (ECGLC) et à l’OMC, Félix Tshisekedi a ajouté du sien. Avec notamment ses projets de ligne ferroviaire reliant la RD-Congo au Burundi et la route ougandaise qui traversera toute la zone Est de la RD-Congo mais aussi le pont Brazzaville-Kinshasa.

Des accords qui offrent la RD-Congo à la prédation

Littéralement, le vice-président Kenya a dit tout haut ce que toute la région pense tout bas de la RD-Congo en ces termes : « pendant qu’ils dansent, boivent, bref qu’ils se transforment en une société de consommation, les autorités RD-Congolaises, en n’ouvrant les frontières de leur pays à la libre-échange, nous offrent ses plus de 90 millions de consommateurs, sans que nous soyons soumis aux exigences fiscales et parafiscales ». Ce qui n’est pas faux.

La RD-Congo a signé des accords et traités qui, sur papier, favorisent le commerce intra africain en diminuant les taxes et les contrôles douaniers et, qui suppriment aussi les réglementations nationales susceptibles de gêner l’importation des biens, des services, de la main-d’œuvre et des capitaux étrangers. 

Dans le cadre du traité de COMESA, par exemple, 15 pays membres ont ratifié l’Accord sur la Zone de libre-échange tripartite (ZLET), cette dernière étant en elle – même un élément constitutif de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Bien que la RD-Congo ne l’ait pas signé, certains signataires cependant transigent directement avec la RD-Congo, dont le Burundi, le Kenya, le Rwanda, le Soudan, l’Ouganda et Zambie.  

Pour ce qui est de la zone de libre-échange de la SADC, plusieurs intellectuels et économistes RD-Congolais avaient critiqué cet accord en raison de son impact très négatif sur l’économie de leur pays. Déjà en 2005, dans une de leurs publications, les professeurs Jean-Blaise Nlemfu Mukoko et James Wabenga Yango avaient averti que cet accord aura pour conséquence « la suppression de 85% des droits d’importation ». Aussi, avaient- Ils recommandé à la RD-Congo les mesures correctives suivantes : un ajustement fiscal, une facilitation du commerce et la diversification des exportations, un ajustement lié à la production et à l’emploi, un développement des compétences et le renforcement de la productivité ainsi que d’une amélioration de l’environnement du secteur productif et la compétitivité globale de l’économie. Mais, rien, alors rien n’a été fait.

Bien au contraire, depuis 2005, la RD-Congo a perdu plusieurs éléments qui l’auraient rendu compétitive dans ce contexte de libre-échange. Pour beaucoup, l’espoir se reposait sur le changement de régime qui impulserait d’abord la production interne avant d’ouvrir le marché national à la concurrence des voisins. Cette sorte de protectionnisme positif attendu ne verra malheureusement pas le jour sous Félix Tshisekedi.  

Par ailleurs, il faut aussi rappeler que certains protagonistes pensaient que l’adhésion de la RD-Congo aux communautés régionales ou sous-régionales ne signifiait pas nécessairement exposer les petits entrepreneurs et producteurs RD-Congolais à la rude concurrence extérieure, vu l’absence de ratification par le pays desdits traités de libre-échange. Cependant, en 2015, la RD-Congo va adhérer au traité tripartite de libre-échange mettant en interaction le COMESA, la SADC et la communauté d’Afrique de l’Est CAE. Permettant directement au Burundi,  Kenya,  Rwanda,  Soudan, à l’Ouganda et à la Zambie un accès sans condition au marché RD-Congolais.

L’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir a cristallisé cette ouverture dangereuse. Adoubé par sa présidence de l’Union Africaine, il a voulu se faire monsieur-Afrique. Au diable donc la survie de l’économie du pays.

Une exportation essentiellement basée sur les minerais du  sous-sol

De ses vêtements, en passant par ce qu’il met sur son assiette jusqu’à ce dont il a besoin pour construire, étudier, se déplacer ou même se soigner, le RD-Congolais se voit utiliser plus de 80% de composants venant d’ailleurs.

Les statistiques de l’Organisation Mondiale de Commerce sont éloquentes à ce sujet.  Malgré ses 80 millions d’hectares de terres arables, les produits de première nécessité du consommateur RD-Congolais lui vient de l’extérieur.  Les différents pouvoirs qui se sont succédés n’ont de regard que sur les 1.100 minéraux et métaux précieux de ce pays, devenus presque sa malédiction.

La majeure partie, pour ne pas dire la quasi-totalité de l’exportation de la RD-Congo est principalement composée des produits miniers (cuivre, cobalt, diamants, or). De la terre, la RD-Congo n’exporte principalement que des produits du bois et du café. Elle importe par contre des produits alimentaires, des produits pharmaceutiques, des machines, des équipements et du carburant. Ce qui fait que sa balance commerciale est structurellement négative.

Face à cela, le protectionnisme s’impose!

Il est évident que le développement économique de certains pays- tels que la Chine, le Brésil et l’Inde- s’est réalisé grâce à leur ouverture au marché mondial. Cette ouverture n’avait pas impacté négativement leurs économies qui sont demeurées exportatrices de leurs produits vers les pays industrialisés. Pour eux, le processus de libre-échange a induit une spirale bénéfique de croissance à leurs économies. Ainsi, leurs entreprises restent compétitives et grâce à leurs exportations, ils augmentent leurs richesses et ainsi que leur croissance économique. Mais la RD-Congo ne produit presque rien et exporte du brut.

Plusieurs économistes interrogés par cfinances.info estiment que le pays  n’est pas encore prêt pour ce type d’ouverture et appellent le gouvernement au protectionnisme. « La RD-Congo doit protéger sa faible économie de la concurrence venant de l’étranger. Elle doit imposer des barrières protectionnistes au lieu de les faire sauter à travers des accords de libre-échange, » explique Raymond Mulowayi, doctorant en économie à l’université Laval.

Pour cet économiste, les droits de douane doivent s’appliquer sur  les produits de première nécessité importés alors qu’on en produise aussi  localement. Toujours selon Mulowayi, la RD-Congo peut également appliquer des barrières non-tarifaires telles que l’alourdissement des procédures administratives à l’importation et/ou des réglementations supplémentaires très compliquées à réaliser pour le fabricant. Ce qui permettra aux entreprises nationales des secteurs ciblés à poursuivre leurs activités et à maintenir les emplois.

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S Gayala

Un commentaire sur “Libre-échange régionale : la RD-Congo, mains et pieds liés, livrée à ses voisins, faute d’une industrie locale compétitive !

  1. Excellent article d’un niveau educatif tres incintestable. Si les autorités congolaises pouvaient le lire et s’en inspirer. Bravo cfinances.info

Les commentaires sont fermés.

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