Les Emirats mettent enfin la main sur le port en eaux profondes de Banana, mais à quel prix ?
En présence du chef de l’Etat Congolais, Félix Tshisekedi, la société émiratie DP World a finalement signé, ce samedi 11 décembre 2021 une convention dite de collaboration pour la construction du port en eaux profondes de Banana.
On se rappellera qu’en octobre dernier, Felix Tshisekedi, lors de son séjour aux Emirats avait eu des tête-à-têtes avec plusieurs investisseurs Émiratis dont le directeur régional pour l’Afrique de l’opérateur portuaire des Émirats arabes unis, aux sorties desquels il avait annoncé des milliards pour la RD-Congo. Chose faite.
Pour la construction de ce port en eaux profondes, on parle de 1,3 milliard USD. Le début des travaux est prévu au premier trimestre de l’année 2022. Et d’après les estimations préliminaires de la firme firme émiratie, la construction de ce port prendra environ deux ans. La première phase, que le chef de l’Etat RD-congolais veut voir lancée sous peu, prévoit la construction un quai de 600 m2 et de 25 hectares d’espace de stockage.
Le vrai problème est que DP World a une réputation d’être gourmande au dépens des pays en développement. Cet accord que signe Felix Tshisekedi remonte en réalité de 2018, avant qu’il ne devienne chef de l’Etat. Son prédécesseur, Joseph Kabila, était déjà approché par cette firme et avait déjà un contrat sur sa table qui, selon les indiscrétions, avait accordé à la société des Émirats arabes unis 70 % des parts et à la RD-Congo les 30 % restants.
Pour cette version Tshisekedi-DP World, on parle d’une convention réajustée. Tout ce qu’on sait de ce réajustement est qu’il consiste en une reconsidération des intérêts de chaque partie au contrat en rééquilibrant leurs avantages respectifs.
Cependant, les experts tirent la sonnette d’alarme en rappelant au gouvernement RD-Congolais l’expérience djiboutienne qui d’ailleurs a été condamné en juillet 2021 par un tribunal arbitral de Londres à payer à cette société la somme de 210 millions USD.
Pris dans les charmes des milliards émiratis, ce pays de la corne de l’Afrique avait cédé ses ports en 2006 à DP World. Et en 2012, Djibouti s’est finalement rendu compte qu’en signant ce contrat, il avait cédé aussi son contrôle sur des infrastructures stratégiques, en mettant en danger ses intérêts supérieurs, en particulier ceux ayant trait à la souveraineté de l’État et à l’indépendance économique. Et depuis 2012 Djibouti a tenté de négocier avec DP World, en vain. En novembre 2017, il vote expressément une loi avec pour objectif de protéger les intérêts supérieurs de la nation qui lui a servi d’alibi afin de mettre fin au contrat mettre de manière unilatérale.