RD-Congo : la mauvaise gouvernance et… la filouterie comme cause du retard numérique
En télécommunication, la RD-Congo tire le diable par la queue, comparé aux autres pays africains ainsi que ses voisins, parfois moins privilégiés que lui. Le prix et la qualité laissent à désirer. Les chiffres sont scandaleux, cfinances.info en à scruter minutieusement. Pire, au lieu de prendre conscience, les autorités, par mauvaise gouvernance et filouterie, ajoutent la douleur sur le malheur qui a traversé le temps, la quasi-faillite de l’Office National de Télécommunication du Zaïre, ONPTZ, devenu aujourd’hui OCPT (Office Congolais des Postes et Téléphone). Le peuple, les entrepreneurs en paient le prix….
De quoi se demander si les autorités, qui trouvent mieux à inventer des taxes comme la fameuse RAM, ont conscience des données de la Banque mondiale et de de l’Union internationale des télécommunications (UIT), une agence des Nations-Unies.
Indicateur 1 : pourcentage de la population utilisateurs d’Internet en 2020
Les données disponibles montrent qu’autour de la RD-Congo, l’Angola a le plus grand nombre d’utilisateurs d’internet. Des pays comme l’Algérie, le Botswana, le Cap vert, le Gabon ont plus de 60% tandis que le Maroc, l’Egypte, les Seychelles, et l’Afrique du Sud ont dépassé les 70%.
Le Maroc est en tête avec 84% suivi des Seychelles avec 79%. La RD-Congo avec ses 13,6% se situe au bas de l’échelle à côté des pays comme le Tchad (10,40%), la République Centre Africaine (10,40%), le Burundi (9,40%), et le sud Soudan avec le plus bas niveau (6%). La RD-Congo est de loin inférieure à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (hors revenu élevé) qui était estimée déjà à 28,96% en 2019.
Indicateur 2 : Abonnements Internet haut débit fixe pour 100 habitants en 2020 (Tout débit)
Plus proche de la RD Congo, c’est la Tanzanie qui dispose de plus d’abonnements Internet haut débit fixe pour 100 habitants en 2020, suivi du Kenya et de l’Angola. La République du Congo se trouve en dernière position dans ce classement derrière le Burundi et la RD Congo.
D’après ces données de 2020, les pays les mieux classés pour cet indicateur sont les Seychelles avec 35,55 et l’île Maurice avec 25,41. Ces deux archipels ont des chiffres supérieurs à toute l’Afrique et sont suivis de loin par la Tunisie (11,28), le Botswana (11,03), l’Egypte (9,1) et l’Algérie (8,6).
Indicateurs 3 : Tarifs haut débit mobile 2018
C’est ici que l’adage qui dit que le ridicule ne tue pas prend tout son sens. Tenez, au pays de Lumumba l’internet coûte plus cher que tous ses voisins y compris les pays de l’Est de l’Afrique, avec 8,57 USD pour 100 ou 500 Méga Bite (MB). Il est talonné par l’Angola qui a le taux le plus couteux à partir de 1 Giga Bite (GB). Le pays le moins couteux s’avère être le Burundi pour le 100MB, la Tanzanie pour les 500MB, et le Rwanda pour le 1, 2, 5 et 10 GB.
Le Rwanda reste mieux classé pour cet indicateur à côté du soudan qui est le moins cher d’Afrique, l’Egypte, la Tunisie, le Maroc, et le Capt vert. Ces tarifs se réfèrent aux plans le moins cher fournis par un opérateur au cours d’un mois ou 4 semaines.
Indicateur 4 : Proportion d’individus possédant un téléphone mobile (%)
Comme dans plusieurs autres domaines, la RD-Congo est une nation inexistante en cette matière. Pas des données disponibles pour ce pays. Mais elle peut se consoler, elle n’est pas la seule nation absente, bien que pour des raisons différentes. Ce qui est certain, même les autorités rd-congolaises ignorent déjà combien d’âmes vivent sur le territoire sous leur responsabilité. Le ridicule est que, pour prélever la taxe auprès de ceux qui possèdent un téléphone mobile, les autorités rd-congolaises n’ont raté personne… Combien, c’est un secret car on saura exactement combien elles se sont tapées sur une taxe illégale.
Pour les pays pour lesquelles les données ont pu être collectées, nous remarquons qu’autour de nous l’Angola est le pays avec le nombre le plus élevé de possession de téléphone (78,6%). Les pays les mieux classés pour cet indicateur sont le Maroc (95,6% en 2020), la Tunisie (88,3 en 2017), l’Afrique du sud (79,33% en 2018), l’île Maurice (79,3% en 2020), et l’Angola, avec des pourcentages proches ou plus de 80%. Il y a aussi des pays comme le Cameroun et le Cap vert qui sont déjà au-delà de 70%.
Situation de la télécommunication dans le monde en 2021
Dans son rapport de 2021 intitulé « Mesurer le développement numérique, Faits et chiffres 2021 », l’Union internationale des télécommunications (IUT) montre que l’image du niveau des pays est plus nuancée. Les chiffres révèlent que l’accès à l’internet dans les zones urbaines est deux fois plus élevé que dans les zones rurales. Le fossé numérique est tel que 71 % de la population mondiale âgée de 15 à 24 ans utilise Internet, contre 57 % de tous les autres groupes d’âge, avec 62 % des hommes contre 57 % des femmes.
L’objectif fixé par la Commission sur le haut débit pour le développement durable pour 2025 stipulent que les services haut débit d’entrée de gamme devraient coûter moins de 2 % du revenu national brut mensuel par habitant, un objectif loin d’être atteint par beaucoup de pays dont la RD Congo.
L’adoption de l’internet s’est accélérée avec la pandémie de COVID-19. De 4,1 milliards de personnes (soit 54 % de la population mondiale) l’utilisant en 2019, il est passé à 4,9 milliards de personnes en 2021, soit 63 % de la population ou un bond de 800 millions, même si 2,9 milliards de personnes restent encore non connectées et dont 96 % vivent dans des pays en développement. Sur ces 2 milliard, 390 millions ne sont même pas couvertes par un signal haut débit mobile. Le nombre d’utilisateurs d’Internet a augmenté de 10,2 % en 2020, une plus forte augmentation en une décennie tirée par les pays en développement où l’utilisation d’Internet a augmenté de 13,3 %. En 2021, la croissance est revenue à un niveau plus modeste de 5,8 %. Entre 2019 et 2021, l’utilisation d’Internet en Afrique a bondi de 23 %. Au cours de la même période, le nombre d’utilisateurs d’Internet dans les pays les moins avancés (PMA) a augmenté de 20 % et représente désormais 27 % de la population.
Les abonnements au haut débit fixe continuent de croître régulièrement, atteignant 17 abonnements pour 100 habitants en moyenne mondiale en 2021, mais ce chiffre reste encore très bas dans les pays en développement avec une moyenne de 1,4 abonnements pour 100 habitants.
Pénétration des abonnements cellulaires mobiles
Après une légère baisse en 2020, la pénétration des abonnements cellulaires mobiles dans le monde a de nouveau augmenté en 2021, atteignant un record de 110 abonnements pour 100 habitants. Les abonnements mobiles à haut débit (3G ou supérieur) ont suivi la même tendance, atteignant 83 abonnements pour 100 personnes, une augmentation tirée par les pays en développement des régions Asie-Pacifique et Amériques. La plus forte croissance a été enregistrée dans la région Asie-Pacifique, à 10,5 %, suivie de la région CEI (7,0 %) et de l’Afrique (6,7 %), qui a été la région ayant enregistré la plus forte croissance au cours des trois années précédentes.
En Afrique, les abonnements au cellulaire mobile ont diminué en 2021, après avoir augmenté en 2020. Dans ce continent, il y a 18 % de la population rurale qui n’a aucune couverture de réseau mobile et 11 % de plus n’ont qu’une couverture 2G, cela signifie que près de 30 % de la population rurale n’a pas accès à Internet. Le déficit de couverture reste important en Afrique où, malgré une augmentation de 21 % de la couverture 4G depuis 2020, 18 % de la population n’a toujours pas accès à un réseau mobile haut débit. Pourtant entre 2015 et 2021, la couverture du réseau 4G a doublé pour atteindre 88 % de la population mondiale. Dans près de la moitié des pays pour lesquels des données sont disponibles pour la période 2018-2020, plus de 90 % de la population possède un téléphone mobile.
La bande passante internationale continue de croître fortement
L’utilisation de la bande passante internationale en 2021 a atteint un total mondial de 932 Tbit/s, contre 719 Tbit/s en 2020. Il s’agit d’une augmentation de 30 %, qui fait suite à une augmentation similaire à celle de l’année précédente. La Commission des Nations Unies sur le haut débit pour le développement durable vise à rendre les prix du haut débit abordables dans les pays en développement d’ici 2025.