Kongo central : Le port de Matadi offert à Bolloré, 8.012 emplois menacés à l’ex Onatra !
Le port de Matadi en voie d’être bradé, s’il ne l’est pas déjà. La sonnette d’alarme vient d’être tirée par la direction générale de la société congolaise des transports et des ports (SCTP), au sujet d’une rocambolesque affaire relative à la mise en concession dudit port par une filiale du groupe français Bolloré.
Au terme de cet accord entre le gouvernement central et la société Mediterranean Shipping Company SA, cette dernière exploitera, au détriment de l’ex Onatra, l’espace de débarquement et d’embarquement des conteneurs dans les navires (TCM) lequel représente le poumon du port de Matadi.
Mais à éplucher le fameux contrat…
Sur la forme, l’opération peut sembler normale. Au regard de la situation générale peu enviable de l’ex Onatra, laquelle nécessite divers apports pour son relèvement total. Mais à éplucher le fameux contrat, l’on est frappé par des graves irrégularités qui entourent cette cession opérée au profit de la société Mediterranean Shipping Company SA.
Au nombre de celles-ci, la plus renversante est là modicité de la somme que cette société devra verser trimestriellement à l’état RD-congolais. Alors que pour le même espace, l’ex Onatra génère mensuellement, au profit du trésor public, des recettes évaluées à la hauteur de 8 millions USD, la nouvelle société contractante s’est plutôt engagée à verser trimestriellement 16 millions USD. Ce qui représente, pour l’état congolais, un écart négatif de 8 millions USD !
En outre, dans une correspondance adressée au ministre national des transports et voies de communications, la direction de la SCTP relève l’insignifiance du financement prévu par MSC dans son plan d’affaires, soit 167.609.000 USD. Une somme qui indiquerait clairement que l’octroi de la dite concession s’est effectuée en violation flagrante de la Loi n°18-016 du 09 juillet 2018, relative au partenariat public-privé.
« En guise d’alternative, grâce aux recettes du Port de Matadi, l’ONATRA SA présente actuellement un chiffre d’affaires mensuel de 8.000.000 USD en moyenne et serait en mesure de produire cette somme en plus ou moins un an et quatre mois, au regard des investissements importants consentis au Port de Matadi dans le cadre de l’ambitieux programme de la relance de ses activités qui prévoit notamment : la rénovation, sur fonds propres, des quais 1 et 2 ; l’acquisition des engins de manutention, à livrer avant juillet 2024 et parc à conteneurs, ce qui laisse entrevoir un accroissement significatif des recettes attendues au niveau de ce port », estime le Directeur Général de la SCPT.
Les probables conséquences, selon le DG
Par ailleurs dans la même correspondance, ce dernier met en lumière les conséquences de cette cession pour la République.
On y apprend que , par cette opération, « la souveraineté, la sécurité et l’economie nationale » du pays seront « mises à mal ». Et cela, en raison du fait que « le port de Matadi reçoit un grand volume d’importations et exportations d’ordre stratégique gique », souligne la correspondance.
En outre, le Directeur général de cette société étatique évoque le « risque sur le plan juridique de superposition de la concession à allouer à MCTC sur celle de l’ex-ONATRA SA, Concessionnaire du Port de Matadi ».
De leurs côtés, des organistions syndicales attirent l’attention des autorités du pays sur les conséquences sociales de cette opération en faveur de l’entreprise française.
A en croire à leurs propos, il s’en suivra un licenciement massif des agents, une fois cette partie entre les mains de gestionnaires de la filiale du groupe Bolloré. Pire, « les agents n’auront pas de décomptes finaux », car selon Bolloré la charge de solder ces paiements n’incombe qu’à la SCPT, signalent-elles.
Le bon côté de l’histoire…
Selon les estimations, en cas de superposition et cession de cet espace du port de Matadi au profit de cette nouvelle société, environ 8012 agents perdront directement leur emploi. Sans compter des emplois indirects dont profite une grande partie de la population du Kongo- central en général et celle de la ville de Matadi, en particulier.
Les autorités du pays sont donc appelées à révoquer ce contrat qui trahit le combat pour le redressement du pays qu’elles ont engagé depuis la création de l’union Sacrée. Le faire c’est donner la preuve d’être effectivement du bon côté de l’histoire, entonne-t-on !