Kenya Airways entrainera-t-il le programme low-cost de la RD Congo dans sa chute ?

La compagnie kenyane d’aviation a du mal a décoller de la crise qui la cloue au sol depuis presque deux ans. Cependant, alors qu’elle est, elle-même sous perfusion du gouvernement kenyan, le gouvernement de la RD-Congo essaie de s’accrocher malgré tout à elle.

Tout commence avec la crise de Covid-19, lorsque les compagnies aériennes partout au monde sont obligées de clouer au sol environ 95 % de leurs flottes. Les pertes sont énormes et Kenya Airways qui n’était déjà pas en bonne santé financière est frappée de plein fouet. Seul secours qui lui reste, c’est la subvention du gouvernement de son pays pour que la compagnie ne fasse pas faillite.

Depuis la première moitié de l’année 2020, le gouvernement kenyan a déjà prêté à l’aviateur environ 20 milliards de shillings, soit environ 18 millions de USD. Présentement, ce gouvernement a soumis au parlement kenyan une demande de doubler la mise car la compagnie est toujours au bord de la faillite.

Malgré l’intervention du gouvernement kenyan, les employés de la compagnie aérienne continuent à payer le prix. En 2020, Kenya Airways employait 4000 personnes. Maintenant il n’en reste plus que 2600, donc 35% des employés ont, soit été forcés à la retraite anticipée, soit vu leur contrat ne pas être renouvelé, soit ont pris une retraite anticipée volontaire. Un petit nombre a été mis à la disposition des partenaires comme Congo Airways.

Le populisme de Kinshasa ne renfloue pas des caisses à Nairobi

En effet, pour sauver des meubles, Kenya Airways va conclure, en avril 2021, un accord de location d’avion avec le transporteur aérien RD-Congolais, Congo Airways, en présence du président du Kenya Uhuru Kenyatta et du président de la RD-Congo Felix Tshisekedi.

Le 15 et le16 septembre 2021, deux avions Embraer E190, ont été transportés de Nairobi à Kinshasa pour stimuler les opérations intérieures et les fréquences de vol en RD-Congo. Ces deux appareils devraient marquer le début du service E190 chez Congo Airways et rejoindre une flotte de deux Dehavilland 8-Q400 et de deux Airbus A320-200 que comptait la compagnie rd-Congolaise sur papier.

Mais tout ce plan impressionnant était sans compter sur le populisme de pouvoir de Kinshasa. A peine l’accord annoncé, les chantres de la performance du régime de Tshisekedi étaient sur tous les écrans. L’équipage venu du Kenya n’avait même pas eu le temps de roder les appareils dans le ciel congolais, le ministre de l’Économie rd-congolais, Jean-Marie Kalumba, annonçait de son côté, avec pompe la baisse de plus de 40% du billet d’avion en RD-Congo. A dater du 7 août 2021, par exemple, le billet aller simple Kinshasa-Goma ou Kinshasa-Lubumbashi passait de 340 USD à 193 USD. Et Kinshasa-Kisangani passait de 300 à 157 USD.

On se rappelle de la déclaration du premier ministre rd-congolais, Sama Lukonde pour qui «ce prix rapproche les Congolais de différentes provinces. Au-delà des prix, le Gouvernement a aussi enregistré des préoccupations légitimes des compagnies d’aviation visant l’amélioration du climat des affaires dans leur secteur. » Ou encore celle du président du Comité professionnel des transporteurs aériens en RD-Congo qui trahissait l’opposition farouche des transporteurs aériens face au populisme du régime : « le message est tout simple (…) aujourd’hui, l’arrêté vient d’être signé. L’heure n’est plus à discuter si on est tombé d’accord ou pas. L’essentiel, c’est de regarder le futur. Le futur, c’est d’abord le social de la population. Nous allons y travailler. Et s’il y a des mécanismes de correction dans le futur, le ministre s’est employé à réactiver la commission tarifaire de lutte contre le bradage (…). Le Gouvernement a le pouvoir régalien. Il a décidé. Nous avons l’obligation tous, de nous aligner. A-t-on encore le droit ou le temps de bouder ou de discuter ? Non. C’est l’application. Et nous allons appliquer », avait déclaré Norbert Sengamali.

Seulement que le pouvoir régalien du gouvernement n’apporte pas l’argent à la caisse. Le premier à prendre le coup, c’est le gouvernement lui-même. Les avions de Kenya Airways qui ont fui la disette chez eux, font face à la baisse de prix du billet en RD-Congo. Les vols sont faits à perte, le gouvernement est incapable de payer la facture. Par ricochet, l’argent kenyan mis pour amortir le choc de la crise sur sa compagnie aérienne paie la folie propagandiste de la RD-Congo qui se targue d’avoir baissé le prix du billet d’avion. A force d’accumuler des retards de paiement, finalement, Congo Airways se trouve en défaut. Nairobi a été obligée de rappeler ses avions, laissant Congo Airways avec une flotte qui n’a de présence que sur papier.

S Gayala

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