Depuis sa cellule, Mike Mukebayi peaufine les stratégies de conquête du pouvoir
C’est depuis quatre mois maintenant que le député provincial, élu de Lingwala, Mike Mukebayi, est emprisonné au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK) communément appelé « Prison de Makala ». Cfinances.info est allé à sa rencontre le dimanche 5 novembre 2023.
Accéder à Makala, à la rencontre de l’un des détenus les plus célèbres du régime du fils du sphinx de Limete ressemble à un chemin de la croix, surtout ceux qui, pour la première fois, débarquent en ce lieu. Dès l’entrée dans l’enceinte de la prison visiblement surpeuplée, un sentiment anxiogène est au rendez-vous.
Barrière après barrière, il faut montrer patte blanche : ici on présente ses pièces d’identité ; là-bas, on vous remet un jeton ; un peu plus loin on vous fouille, sans bien sûr épargner les parties intimes ; puis consigner le téléphone auprès d’un agent. Le tout avant même d’atteindre la grande porte où la carte d’électeur, qui fait office de la carte d’identité est laissée en échange d’un autre jeton.
Le monde en jaune-bleu dans l’ambiance pré-campagne
En fin à l’intérieur de ces longs murs, tout peint en blanc, on peut tout de suite différencier prisonniers des visiteurs par leur tenue jaune-bleue. Mike Mukebayi, le député provincial et membre de Ensemble pour la République, parti cher à Moïse Katumbi, n’est pas à chercher. L’attroupement autour de lui accuse le niveau d’aura qu’il a même entre quatre murs.
Assis sur une chaise en plastique bleue-claire, non loin du couloir donnant accès au pavillon 10, celui des mineurs, Mukebayi, face au dos des installations sanitaires en diagonale du centre de santé, est entouré des membres de son équipe de campagne. L’homme est plus que serein, calme et confiant. Aux allures d’un vrai chef politique proche du peuple, celui dont la candidature, dans la circonscription de Lukunga, porte le numéro 749, donne des instructions à son équipe pour le spot publicitaire et reçoit d’eux des rapports venus de sa base.
Barrer la route à la fraude électorale
Ici une question se pose : comment barrer la route à la fraude électorale dont le régime actuel a été accusé aux élections précédentes ?
Mukebayi et son équipe ont encore la mémoire fraiche du vol massif des élections de 2018 et cela à tout le niveau. D’ailleurs, il en sait quelque chose lui-même avec sa députation nationale volée et donnée à l’actuel ministre des Affaires foncières et proche de Tshisekedi, Molendo Sakombi. Loin d’être passéiste, Mukebayi en appelle à la mise en place d’une stratégie pour bloquer la fraude électorale.
« Ce n’est plus l’heure d’y aller (aux élections) pour se plaindre. C’est maintenant que nous devons, comme je le fais avec mon équipe, nous préparer pour contrer la tricherie » a déclaré le 749 de la Lukunga.
Avant d’ajouter : « Nous encourageons toutes les organisations à mettre sur pied des missions d’observation. Nous en appelons notamment à la Conférence épiscopale nationale du Congo et l’église protestante à renforcer leur capacité à observer le déroulement des scrutins ».
Avec la validation de la candidature de Moïse Katumbi, Mukebayi est serein de la victoire de son camp. Même derrière les verrous, Mukebayi, par le truchement de son équipe, communie avec ses électeurs, reçoit leurs messages d’encouragement, envoie de consignes et s’apprête très bientôt à aller de Makala à l’hémicycle du palais du peuple.