Crise alimentaire mondiale : l’Inde s’en prémunit en interdisant l’exportation de son blé !
Les jours passent, la guerre en Ukraine s’enlise, et la crise économique nous amène vers la crise alimentaire.
Ce samedi 14 mai 2022, l’inde, deuxième producteur mondial du blé, a surpris le monde en interdisant les exportations de ce produit, alors qu’une vague de chaleur torride a réduit la production mondiale. Cette annonce vient quelques jours après que l’Inde ait déclaré qu’elle visait des expéditions record. La cause : les prix intérieurs ont atteint un niveau record.
Lors d’une conférence de presse, les autorités indiennes ont déclaré que la décision n’était pas à perpétuité et pourrait être révisée. Elles vont continuer à autoriser les exportations soutenues par des lettres de crédit déjà émises et vers les pays qui demandent des fournitures. Par ailleurs, elles ont affirmé que leur pays n’a pas connu une chute spectaculaire de la production cette année, mais que les exportations non réglementées avaient entraîné une hausse des prix locaux.
Ce revirement a choqué les marchés internationaux. Les prix mondiaux du blé sont en hausse de près de 50 % depuis le début de la guerre en Ukraine. Les acheteurs mondiaux misaient sur les approvisionnements de l’Inde après la chute des exportations de la région de la mer Noire. Profitant de cette hausse, l’Inde avait même exporté un record de 7 millions de tonnes de blé au cours de l’exercice clos en mars. Ce qui représente une hausse de plus de 250 % par rapport à l’année précédente. En avril, elle a exporté un record de 1,4 million de tonnes de blé et des accords avaient déjà été signés pour exporter environ 1,5 million de tonnes en mai.
Conséquence de la décision
Cette année, l’Inde devrait produire plus de 100 millions de tonnes métriques et la plupart des céréales sont prévus pour nourrir sa population de 1,3 milliard d’habitants.
Il apparait clairement que son interdiction d’exporter pourrait faire grimper les prix mondiaux à des nouveaux sommets compte tenu de l’offre déjà restreinte, frappant particulièrement et durement les consommateurs d’Asie et d’Afrique. Avec cette crise mondiale, les Nations-Unies craignent que l’inflation alimentaire ne provoque des troubles sociaux.
Top 10 des pays producteurs de blé (en tonnes de blé produit 2020)
N° | Pays | Quantité en tonne |
1 | Chine | 134 254 710 |
2 | Inde | 107 590 000 |
3 | Russie | 85 896 326 |
4 | Etats-Unis | 49 690 680 |
5 | Canada | 35 183 000 |
6 | France | 30 144 110 |
7 | Pakistan | 25 247 511 |
8 | Ukraine | 24 912 350 |
9 | Allemagne | 22 172 100 |
10 | Turquie | 20 500 000 |
Mesures de sauvegarde en Afrique et en RD-Congo
En Afrique, la flambée des prix du blé depuis plus d’un an redonne la cote aux racines, tubercules et autres céréales comme le fonio ou le manioc, souvent considérées comme secondaires. Les pays accélèrent de plus en plus des politiques visant à les incorporer dans les produits de boulangerie.
En RD-Congo, le gouvernement avait adopté en avril 2022, sans beaucoup de précisions sur les modalités opérationnelles, un projet de promotion de l’utilisation de la farine de manioc dans la panification et la pâtisserie. Cette stratégie viserait à réduire les importations du blé qui coûtent en moyenne 87 millions USD chaque année, dont près de 70 % viennent de la Russie et de l’Ukraine. Ce projet est une initiative publique déployée via la Cellule d’appui au Programme intégré d’urgence de développement communautaire (CAPUIDC) qui bénéficie d’un appui de 38 millions USD de la BAD.
Selon les données de la FAO, en 2018, la RD-Congo était le 3ème producteur mondial de manioc derrière le Nigeria et la Thaïlande avec un volume de 30 millions de tonnes.