Barrage Katende : F.Tshisekedi veut porter la créance indienne à 270 millions USD !

A quelques mois des élections présidentielle, législative et provinciale, Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession, s’est encore souvenu de la centrale hydroélectrique de Katende. Au cours de la 82éme session du conseil des ministres tenue ce vendredi 13 janvier sous sa direction,  il a voulu en savoir exactement ce qui est déjà  entrepris par le gouvernement dans le cadre de la relance de ses travaux comme souhaité par lui.    

Si le président de la RD – Congo insiste tant sur cet ouvrage….

Il faut dire que si le président de la RD – Congo insiste tant sur cette œuvre, c’est parce qu’à 11 mois des élections, il voudrait surtout avoir  un discours à tenir  face  ses frères et sœurs de l’espace grand kasai, à qui la propagande de son parti politique (Union pour la démocratie et le progrès social, Udps en sigle)   avait fait croire que le non – avancement de ce projet relevait plutôt d’un complot  de son prédécesseur  visant à  maintenir ce milieu dans un état moyenâgeux, question de punir ses habitants pour  leur soutien indéfectible à l’opposition radicale incarnée par la formation politique chère à son défunt père Etienne Tshisekedi wa Mulumba.   

 Ainsi, le ministre des finances et économie Nicolas Kazadi  lui a fait savoir qu’il aurait déjà introduit une requête auprès du gouvernement indien en vue d’obtenir un financement supplémentaire de près de 200 millions de dollars américains. Au terme d’une  d’une mission d’évaluation du projet envoyée par lui du 08 au 15 décembre dernier sur place à Katende mais aussi à Lubumbashi.  « À la lumière des conclusions du rapport, le ministre des Finances a saisi le 28 décembre 2022 à travers une requête pour un financement supplémentaire au titre d’une nouvelle ligne de crédit du gouvernement Indien pour une valeur total de plus de 188 millions USD pour la poursuite du projet de construction de la centrale hydroélectrique de Katende. Il a sur ce point été complété par le ministre des Ressources Hydrauliques et Électricité » rapporte le compte rendu de la réunion fait par le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya. 

Il faudrait au moins 18 mois, à compter de la date du début effectif desdits travaux…

Reste maintenant à savoir si cette demande du gouvernement congolais trouvera une oreille attentive auprès de son homologue indien, libérant ainsi la créance sollicitée. En cas d’une réponse favorable, la question qui se posera alors serait de savoir à quand cet ouvrage sera-  t – il livré. Possible pour cette année ?  Rien n’est moins sûr ! 

Félix Tshisekedi en visite sur le site du barrage Katende , le 02 janvier de l’année passée

« Une centrale de cette ampleur,  on la construit pas comme s’il s’agissait  d’une case en argile. Même pour ce genre de maison, on tient aussi compte de plusieurs paramètres dont la météo, à plus forte raison une centrale. A mon avis, il faudrait au moins 18 mois, à compter de la date du début effectif desdits travaux, pour livrer cet ouvrage», précise une source proche du dossier.

«L’espace grand kasaï risque de rester dans le noir jusqu’à 8 ans, soit en 2031, si on ne compte que sur le barrage Katende », avait de son côté prévenu Damien Twambilanga, coordonnateur pool grand kasai de l’agence nationale d’électrification et des services énergétique en milieu rural et péri – urbain (Anser).  C’était au cours de la conférence sur la cohésion sociale et le développement dans l’espace centre, initiée par le chef de la maison civile du chef de l’état, Abbé Bruno Miteo, le 20 décembre dernier. Comme solution, Damien Twambilanga avait plutôt préconisé une alternative au barrage de Katende, à savoir : la construction à 35 millions de dollars américain  d’un barrage sur la chute Mbombo.  C’est dire…

On craint que cette créance soit détournée, à l’instar de l’argent de Tshilejelu

Par ailleurs, plusieurs observateurs craignent qu’une fois accordée,  cette créance de l’Inde soit aussi détournée par les conseillers du chef de l’état, comme ç’a été le cas avec l’argent du financement du projet Tshilejelu que le pays avait emprunté auprès du gouvernement égyptien.  Mais aussi du premier financement de ce barrage, par Félix Tshisekedi, à la hauteur de  6 millions Usd.  Cette mauvaise réputation  du régime est un facteur qui pourrait amener le gouvernement indien à réserver une fin de non – recevoir à cette requête de Kinshasa, estiment  certains. Surtout qu’en matière de financement et si ce même dossier, Exim Bank of India avait en 2014 accordé au  gouvernement de la RDC  un prêt de 82 millions de dollars. Les travaux avaient effectivement repris avant d’être stoppés par le surgissement de la milice Kamwina Nsapu dans le territoire du barrage, obligeant les ingénieurs indiens à plier bagage. Est – ce sans un audit de cette créance, l’Inde peut – elle décider de l’octroi d’une autre ? That’s the great question.

Sous Joseph Kabila, le barrage de Katende était inscrit dans des projets spécifiques à court terme de construction de nouvelles centrales hydro-électrique au Congo. Sa construction remontrait à 1956 avec le projet d’un barrage sur la rivière Lulua, au Kasaï Occidental, où se construit le barrage de Katende, qui a hérité du nom du village Katende situé à 75 km de Kananga, la capitale de la province.

Pourquoi cette propension à tout attendre de l’Inde ?

En 2011, l’ancien président de la RD – Congo  avait procédé au lancement des travaux de la construction du barrage de Katende suite à l’accord de financement qui avait a été signé entre la RDC et le gouvernement indien. Le coût global des travaux s’élevait à 280 millions de dollars américains, dont 168 millions à décaisser par l’Inde et 112 millions par la partie congolaise. Si cette créance de plus de 188 millions USD est accordée, en plus du prêt précité de 82 millions,  cela donc portera le prêt indien à un peu plus 270 millions USD pour ce même projet. De quoi à se demander si le gouvernement de la RD – Congo n’a rien prévu dans la loi des finances 2023 au point de tout attendre… de l’Inde.

albert Tshomba

En savoir plus sur cfinances.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading