Afrique : l’avenir économique de l’Afrique sous la Covid et la guerre ukrainienne
L’économie de l’Afrique subsaharienne devrait croître de 3,3 % cette année, contre 4,1 % en 2021, a annoncé, mardi 4 octobre 2022, la Banque mondiale, en raison du ralentissement de la croissance mondiale, de la sécheresse, du risque accru de surendettement et de la hausse de l’inflation aggravée par la guerre de Russie en Ukraine.
Sur 33 pays pour lesquels des données sont disponibles, 29 ont enregistré une inflation supérieure à 5 % en juillet, tandis que dans 17, elle était à deux chiffres. Le nombre de pays en surendettement a peu changé, a déclaré la Banque Mondiale.
Les prévisions pour 2022 ont été réduites par rapport à une prévision de 3,6 % faite dans sa dernière mise à jour semestrielle en avril, alors que la Banque Mondiale a réduit ses projections pour le Nigeria et l’Afrique du Sud, deux des plus grandes économies d’Afrique, ainsi que le Ghana, qui lutte contre une crise économique.
En effet, le Ghana, qui a demandé l’aide du Fonds monétaire international, dans un contexte d’inflation atteignant 33,9 % en août et d’affaiblissement du CEDI, la croissance devrait ralentir à 3,5 % cette année, contre une prévision de 5,5 % en avril. Le Nigeria et l’Afrique du Sud connaitront une baisse de croissance pour de 3,8% et 2,1% à 1,9% et 3,3% respectivement.
Les perspectives pour l’Angola, un autre voisin de la RD-Congo, qui a bénéficié des prix élevés du pétrole, ont été relevées à 3,1 %, contre 2,9 % en avril. De même, l’activité économique devrait progresser en RD-Congo (6,1 %) à cause de ses ressources naturelles.
L’endettement prend l’ascenseur
En ce qui concerne les niveaux d’endettement et vulnérabilité de la dette, la Banque Mondiale fait remarquer que l’augmentation de la dette en Afrique subsaharienne est antérieure à la pandémie de COVID-19. En effet, ces pays ont bénéficié d’un taux d’intérêt bas à l’échelle mondiale, ce qui a entraîné un faible coût du service de la dette. Cependant, la dette publique a fortement augmenté avec la pandémie en dépit du fait que les décideurs, dans certains pays, se sont mobilisés pour atténuer les effets de la crise sanitaire et ses retombées économiques sur les populations les plus durement touchées.
De manière générale, la dette publique devrait rester élevée sur tout le continent – à 59,5 % du PIB contre 62 % en 2021, mais pourra se stabiliser à un niveau élevé à l’horizon 2024, selon les types de ressources de chaque pays, comme le montre le tableau prévisionnel de la Banque Mondiale ci-dessous.
En d’autres mots, la dynamique de la dette est en partie liée aux fluctuations de prix des matières premières, au relèvement des taux directeurs dans les économies avancées. Cinq pays enregistreront des ratios dette/PIB supérieurs à 100 %, il s’agit de l’Érythrée (234,9), le Soudan (183,8), le Cabo Verde (147,7), le Ghana (104) et le Mozambique (102,6).
Juste à l’autre rive du fleuve Congo, la République du Congo est le seul pays riche en pétrole à figurer sur la liste, avec une dette publique attendue à 84 %. Le pays se débat avec une dette publique élevée depuis l’effondrement des prix du pétrole en 2014, qui a bondi de 42,3 % à 74,2 % du PIB en 2015. Atteignant 113,2 % en 2020 au début de la pandémie, la dette publique suit depuis une trajectoire descendante. Elle devrait encore baisser jusqu’à 76,3 % en 2024.
La RD-Congo, quant à elle, comme il en est du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie, a la chance de libérer de l’espace budgétaire lui permettant de mieux traverser les multiples chocs en se préoccupant moins de la soutenabilité de sa dette grâce aux accords conclus avec le FMI. Cependant, ce bien-être financier ne profite qu’a un petit groupe, tous les hommes et femmes du sérail.