Avec son vaccin made in Afrique du Sud : Ramaphosa gagne son pari face aux incohérences de Tshisekedi

Toute l’Afrique vient de gagner. Les septiques aussi. La mémoire est encore toute fraiche de l’image du président sortant de l’UA qui vantait un liquide à base de plantes locales approuvé par le ministère de la Santé congolais en 2020, mais pas l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ainsi que du regard narquois de ses compères, surtout occidental. EUREKA ! Ce mercredi 19 janvier 2022 marque une nouvelle page de la lutte anti-covid 19, l’Afrique du Sud a lancé au Cap la première usine du continent qui fabriquera des doses de A à Z. Ce lancement marque le couronnement d’un combat mené avec bravoure et cohérence par le président sud-africain Cyril Ramaphosa depuis le début de la pandémie. Sa ténacité et sa persistance ont fini par payer.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa (C-L) et le milliardaire américain d'origine sud-africaine Patrick Soon-Shiong
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa (C-L) et le milliardaire américain d’origine sud-africaine Patrick Soon-Shiong
L’usine, le vaccin et le financement

L’usine est le fruit d’un partenariat entre une firme américaine de biotechnologie (NantWorks), le gouvernement et les universités sud-africaines. Elle est financée par  Patrick Soon-Shiong, fondateur de NantWorks, médecin, milliardaire et homme d’affaires américain d’origine chinoise, né en Afrique du Sud, un américain-sud-africain. Son entreprise se chargera de transférer la technologie à ARN messager (ARNm) aux scientifiques sud-africains qui travailleront également sur la lutte contre le cancer, la tuberculose et le VIH. Lors de la cérémonie de lancement, il a déclaré que l’objectif est la production d’un vaccin de deuxième génération « fabriqué en Afrique, pour l’Afrique et l’exporter dans le monde entier ». Sa firme a investi environ 200 millions de dollars dans ce projet, un site ultramoderne situé dans une zone industrielle de la banlieue du Cap. Installé aux États-Unis, M. Shong a fait sa fortune en mettant au point un médicament anticancéreux appelé Abraxane. Il est également actionnaire de l’équipe de basket américaine des Lakers de Los Angeles.

L’objectif poursuivi est de produire 1 milliard de vaccin par an d’ici 2025, les premiers vaccins seront produits cette année. La mise au point de vaccins de deuxième génération vise notamment à remédier à la perte d’efficacité des premiers vaccins dans le temps, mais aussi à l’apparition de variants du virus.

Afrique du sud, leader dans le continent

L’Afrique du Sud compte déjà un bon nombre de sites de recherche, d’assemblage et de conditionnement de vaccins anti-Covid. La société Aspen Pharmacare assemble le vaccin J&J COVID-19 dans une usine de Gqeberha ( ancien Port Elizabeth). Ses installations ont une capacité de 220 millions de vaccins par an, la vente se fait en Afrique du Sud et dans d’autres pays africains. Une autre usine de production de vaccins est exploitée par l’Institut Biovac du Cap en partenariat avec Pfizer-BioNTech pour produire 100 millions de doses de vaccin par an. Le Cap abrite également un centre de fabrication soutenu par l’OMS qui tente de copier le vaccin à ARNm du laboratoire américain Moderna. Une autre des entreprises de Soon-Shiong, ImmunityBio, est en train de réaliser des tests d’un nouveau type de vaccin contre le covid en Afrique du sud.

Leadership de Cyril Ramaphosa face à l’incohérence de l’Union africaine (UA) et de son Président sortant Félix Tshisekedi

L’Afrique du Sud est considéré en Afrique comme le fer de lance de la lutte pour l’égalité d’accès aux vaccins anti-Covid-19. A côté de l’Inde, il avait commencé le combat pour la levée des brevets sur les vaccins afin de résoudre la question des inégalités vaccinales. Dès fin 2020, l’Afrique du Sud et l’Inde avaient proposé à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) la suspension des droits de propriété intellectuelle pour les traitements et les vaccins contre le Covid-19, ils seront emboité par un bon nombre d’ONG et d’États. Une demande qui s’était heurtée dans un premier temps à la résistance des Américains, Européens et Japonais, au nom de la défense de l’innovation. L’avènement de Joe Biden a permis de changer la donne poussant ainsi tous les autres à suivre le mouvement des États-Unis. A la suite de Ramaphosa, les scientifiques sud-africains se sont mis au premier plan en alertant le monde tant sur le variant Beta qu’Omicron après leur détection plus rapide. Fier du succès obtenu, le Président sud-africain a déclaré hier : « L’Afrique ne doit plus être la dernière à accéder aux vaccins en cas de pandémie ».

Parallèlement, le monde entier a assisté à l’incohérence du Président Congolais, président sortant de l’UA, qui n’est pas parvenu à appuyer ce combat dans un sens souhaité. L’on se souvient de la surprise désagréable d’Angela Merkel  et Cyril Ramaphosa en aout 2021 d’entendre Félix Tshisekedi, en conférence de presse avec eux à Berlin, faire la promotion de deux “produits anti-covid” congolais. La conférence clôturait le sommet G20 “Compact with Africa” destiné à promouvoir l’investissement en Afrique. Ce jour-là il déclarait : J’en profite également pour parler de ce qui se passe en République démocratique du Congo par rapport à deux produits le Manacovid et le Dubaz-C, ce sont deux produits anti Covid qui ont vraiment montré leur efficacité.  Je ne peux pas dire à quelle hauteur mais en tout cas selon plusieurs scientifiques que j’ai consulté ces médicaments ont eu de l’effet(sic !) » . Le désarroi et l’embarra pouvaient clairement se lire sur le visage de Ramaphosa et Merkel.

Le président de l’UA vantait donc un liquide à base de plantes locales approuvé par le ministère de la Santé congolais en 2020 (pourtant le ministre concerné était accusé des détournements !) – mais pas l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Avant cela, il ne s’était pas présenté au lancement de la campagne de vaccination dans son pays en avril 2021, et plus tard en juillet 2021 il confirma son doute sur l’efficacité du vaccin Astra Zeneca choisi par son gouvernement, « J’ai bien fait de ne pas me faire vacciner » déclarait-il à Goma.

Cette attitude surprenant de sa part peut finalement justifier  son absence au sommet « Global COVID-⁠19 Summit: Ending the Pandemic and Building Back Better » initié par Joe Biden en septembre 2021 et réunissant plus de 100 gouvernements et partenaires.  Ce sommet auquel Ramaphosa avait participé aux côtés de beaucoup d’autres pays africains analysait déjà l’option de financer les usines sud-africaines pour la production des vaccins. Ramaphosa avait partagé le travail percutant de l’Union africaine en accueillant le premier transfert de technologie d’ARNm sur le continent, puis avait appelé à un plan durable pour soutenir l’Afrique et les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire par la technologie et le financement pour atteindre les objectifs de vaccination. Que des occasions manquées pour le président de l’Union Africaine dont le pays est toujours au bord du gouffre mais dont le président a effectué plus de 145 voyages, coutant des centaines des millions de dollars  au trésor public, à la recherche des investissements que les congolais ne voient toujours pas.

Continent touché par le Covid 19 mais moins vacciné

Les données officielles montrent que l’Afrique du sud est le pays africain le plus touché car il compte à ce jour plus de 3,5 millions de cas dont 93 400 décès, alors que le continent a officiellement enregistré plus de 10 millions de cas en janvier. La vaccination des près de 1,2 milliard d’Africains reste faible suite aux difficultés d’approvisionnement que connait le continent, le niveau élevé d’hésitation et le scepticisme de sa population. A peine 10% de sa population est entièrement vaccinée, contre 63% aux États-Unis et environ 70% en Europe.  Les pires élèves restent la RD Congo et le Burundi, les pays les moins vaccinés au monde : moins de 0,1 %.

Sha Nzovu

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