Afrique : la CEA-2022 de Maurice, forum d’envol économique du continent ou de sa vassalisation ?
L’Île Maurice a annoncé ce lundi 10 octobre 2022 la tenue sur son sol, du 9 au 11 décembre 2022, de la Conférence économique africaine (CEA-2022), a déclaré jeudi son ministre des Finances, de la Planification économique et du Développement, le Dr Renganaden Padayachy, lors d’une conférence de presse.
La Conférence économique africaine reste, à ce jour, le principal forum africain pour discuter des défis et opportunités émergents du continent. La liste de partenaires qui participent à son organisation dit tout : la Banque africaine de développement, la Commission économique pour l’Afrique et le Programme des Nations Unies pour le développement.
Cette année, sous un format hybride, en présentiel et en ligne, la CEA-2022 se tiendra sous le thème de : « Soutenir un développement intelligent face au climat en Afrique ».
Le ton de cette édition est donné avec la déclaration du ministre mauricien qui annonce que son gouvernement était très déterminé à accélérer le processus de transformation verte du pays, visant à générer 60 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030. « La croissance durable et le développement inclusif impliquent une économie plus propre, plus verte et plus résiliente au changement climatique ».
Certes, les experts avertissent que la majeure partie de l’Afrique souffrira d’événements météorologiques extrêmes, qui sont devenus plus fréquents et plus graves, causant des dommages à l’agriculture, au tourisme, aux villes, aux infrastructures, à l’eau, aux systèmes énergétiques et même au secteur extractif. Cependant, une question demeure, les chantres d’un futur apocalyptique de l’Afrique restent silencieux devant le recours, par les occidentaux depuis la guerre ukrainienne, aux énergies dont l’exploitation menacent le climat.
Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà
Le jeudi 5 octobre 2022, le gestionnaire du réseau électrique britannique (ESO) a fait savoir ses projections pour garder chauffer les anglais cet hiver, à la suite de la pénurie causée par la guerre en Ukraine. L’annonce est claire : plusieurs centrales à charbon sont prêtes à entrer en action. Qui pis est, parmi les nouvelles mesures, des contrats sont en place avec trois énergéticiens pour maintenir ouvertes et en veille cinq unités de production d’électricité au charbon, comme l’avait demandé le gouvernement britannique.
Même l’Allemagne, pionnière en la matière, avec un gouvernement social-démocrate au sein duquel siègent des écologistes, est revenue, début septembre, sur sa décision de fermeture définitive de deux des trois réacteurs du pays prévue pour fin 2022, car rien ne vaut plus que l’intérêt de son peuple à passer un hiver au chaud.
Avec son plan RePowerEU, l’Union Européenne a fait un choix clair de se tourner vers le gaz naturel liquéfié américain (GNL), principalement du gaz de schiste, alors que le processus de liquéfaction du gaz et son transport par bateau est très énergivore. Le GNL américain émet deux fois plus de CO2 que le gaz russe acheminé par gazoduc. Cependant, au nom d’une idéologie, le climat est passé au second plan.
Le problème n’est pas seulement dans la liquéfaction et le transport, mais en amont. Les émissions de méthane, libérées lors du forage, sont un puissant gaz à effet de serre (plus de 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone), sans compter avec tous les coûts environnementaux liés à ce type d’exploitation.
Mais en Afrique, c’est un tout autre discours qu’on fait avaler aux autorités. L’AEC 2022 s’annonce déjà comme étant un autre forum où l’Afrique devra tourner le dos à l’exploitation de ses ressources naturelles en échange des prêts, financements, programmes… afin de sauver la planète. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.