Affaire maïs et Katumbi : N. Kazadi se fait remonter les bretelles par le président zambien

Farine de maïs, une histoire salace qui humilie toute une nation. Ridicule, le ministre des Finances RD-Congolais, Nicolas Kazadi reçoit sa réponse, non pas de Moise Katumbi, opposant et homme d’affaires de la RD-Congo, qu’il a décidé de jeter à la vindicte populaire, mais plutôt du président zambien lui-même.

L’audio d’une conférence téléphonique à trois entre le président Zambien Hakainde Hichilema, son ministre en charge de la province North-Western, l’élu de Manyinga l’honorable Robert Lihefu et le président du conseil d’administration de l’Agence zambienne de réserve alimentaire (FRA), Kelvin Hambwezya, parvenu à la rédaction de cfinances.info, dément les accusations de Nicolas Kazadi contre Katumbi. (Voir la vidéo ci-dessous traduite et sous-titrée par cfinances.info)

En effet, alors qu’on l’attendait dans les chiffres, Nicolas Kazadi s’illustre depuis un temps comme le thuriféraire patenté du pouvoir de Kinshasa. Comme dirait l’autre, sa kinoiserie a pris le dessus. Lors de ses dernières sorties, Kazadi a accusé Katumbi de bloquer la livraison de la farine de maïs zambienne en RD-Congo. Tantôt, il explique que le forfait de Katumbi se fondait sur le fait que ce dernier aurait des origines congolaises douteuses, tantôt sur le fait que Katumbi voudrait créer la rareté sur le marché afin de couler sa propre fa rine à un prix exorbitant. Finalement ce farinage a fait effet dans le rang des affidés du régime de Kinshasa.

Audio de la conférence téléphonique

Kazadi, de l’intello au propagateur de la haine !

Alors qu’on l’attendait à Kinshasa pour participer à une marche que l’opposition devait organiser le samedi 13 mai 2023, Katumbi est menacé de mort par les partisans de Tshisekedi qui relayent le message de Kazadi (voir vidéo ci-dessous). On l’accuse d’affamer les RD-Congolais et de saper les actions de Tshisekedi.

Pire, le ministre rd-Congolais va encore plus loin jusqu’à mentir au nom du président zambien. En parlant de la mission spéculaire de 10 officiels rd-congolais dépêchés crier famine chez le voisin zambien, Nicolas Kazadi a déclaré ce qui suit dans une émission de télé à Kinshasa : « Mais si je vous dis combien cette mission a été bénéfique, pourquoi elle était importante. Parce qu’elle n’était pas seulement économique, mais elle était aussi politique. Comment expliquer que la Zambie (…) décide d’interdire toute exportation vers la RDC, son pays le plus proche (…) et plus grave décide d’interdire tout transit de maïs sur son territoire en destination de la RDC. (…). Figurez-vous, le président zambien n’était même pas au courant qu’une telle décision avait été prise… Ça était réglé grâce à l’action du vice-premier ministre et de toute la délégation qui s’est rendu sur place ». Gros mensonge en plein jour.

Non seulement que le problème est resté le même, les sorties du ministre rd-congolais ont empiré la situation entre les deux pays. Car au lieu d’avoir un profil bas sur la contrebande qui aidait la population congolaise à survivre au dépens des agriculteurs zambiens (lire votre article sur les décisions prises par le gouvernement zambien au sujet de la contrebande des produits alimentaires vers la RDC), Nicolas Kazadi vient de réveiller l’attention des zambiens.

Déclaration de Kazadi et les affidés de l’UDPS

La réplique du président Zambien

La réponse du président zambien ne s’est fait pas entendre. Sur un ton presque narquois, mêlé d’une rigueur qui fait sa réputation, le président Hakainde Hichilema interdit toute exportation de farine de maïs vers RD-Congo jusqu’à ce que la crise créée en Zambie, à la suite de la sur-importation et sur-demande congolaise, soit éradiquée.  

En effet, la province zambienne de North-Western, grande productrice de maïs et voisine à la RD-Congo, est devenue le grenier de la RD-Congo.  Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, suivie de l’exode rural du grand-Kasaï vers les mines katangaises, il y a eu abandon total de l’agriculture, augmentant ainsi la demande du pays en maïs, aliment principal des mets congolais.  Plusieurs organisations ont d’ailleurs alerté, en vain, un gouvernement qui s’adonnait à la fête qu’à la prévention (lire notre article sur la famine en RDC).

Dans l’audio, le ministre zambien de la province North-Western révèle que le prix de vente de maïs étant élevé en RD-Congo, vu la demande, les agriculteurs zambiens, surtout de Solwezi, une localité voisine à la RD-Congo, préfèrent exporter leurs produits vers RD-Congo. Cette situation crée une pénurie de maïs dans les minoteries de sa province.

En réaction à l’information divulguée par son ministre, le président zambien est monté sur ses grands chevaux. On peut l’entendre dire : « La minoterie (…) n’est pas en redressement judiciaire, mais seulement, elle est en rupture de stock de maïs. C’est le même cas avec les villages qui ont aussi vendu tout leur maïs au Congo via Kipushi. Ils sont tous donc en rupture de stock. C’est une grosse erreur, parce que cette exportation vers la RDC est illégale. La frontière avec la RDC est tellement poreuse, qu’ils ont ouvert plusieurs chemins de contrebande… », avant d’ajouter plus loin, en s’adressant cette fois-ci au patron de l’Agence zambienne de réserve alimentaire : « pouvez-vous livrer à cette minoterie quelques tonnes métriques de maïs à Solwezi. Elle doit l’amener ici à Maninga.  Si cette-fois, ils osent l’exporter vers Kipushi, en RDC, ces gens seront immédiatement arrêtés… Libère le maïs tout de suite à Maninga, et qu’ils commencent à le moudre. Comment penses-tu que nos populations de la province de North-Western se sentent, lorsque le maïs produit chez eux, ne se retrouve pas dans leurs assiettes, mais va plutôt nourrir les congolais ? », se demande le chef de l’Etat zambien.

Sur un ton narquois, la conversation entre ces trois autorités zambiennes finit dans un éclat rire lorsque le ministre informe son président que : « même les feuilles de manioc, son excellence, les feuilles de manioc sont exportées au Congo, ils achètent tout »… Au chef de l’Etat zambien de réplique, dans un rire fou : « être chef d’Etat en Afrique est un gros problème (rire)… Je dois me focaliser à régler de problèmes plus sérieux avec les congolais, comme l’affaire des voitures électriques, que de passer mon temps à résoudre leur problème de feuilles de manioc ».

Jeanne Bahati

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